Sous mon corps je sentais les muscles chauds de mon étalon se déplacer tant dis qu’il marchait puissamment sur le goudron. Rapidement je pris sur la droite, sortant de la route pour prendre le petit chemin en terre qui longeait la rivière. Je laissai mon équidé marcher à son aise, prenant le temps de regarder autour de moi et profiter du paysage Ecossais qui m’avait tant manquée depuis des années.
J’avais l’impression que tout cela m’avait manquée mais ce manque ne s’était manifesté qu’une fois de retour dans le pays. Je souris bêtement, heureuse d’être là. Mes angoisses s’étaient envolées une fois sur le dos de Volcano et  je profitai des premiers rayons de soleil matinaux.

Un oiseau s’envola sur notre droite, Volcano le regarda, oreilles pointées sans faire un semblant d’écart. Ma main se glissa sur son encolure que je gratouillai amoureusement. Le chemin semblait assez lisse et s’étendait devant nous. Je serai les jambes et mon cheval prit le trot. Si au départ je fus secouée un peu, mon bassin ondula finalement pour trouver sa place sur le dos et suivre le mouvement au lieu de faire rebondir mon corps.

Ce petit trotting matinal nous faisait du bien. Je voyais la vapeur s’échapper de mes lèvres et des naseaux de mon équidé. Aucun cavalier ne croisait notre route, il était trop tôt pour nous. Les voitures qui longeait la rivière étaient elles aussi peu fréquentes, laissant le silence être uniquement brisé par les fers frappant le sol.

Le soleil continuait à monter dans le ciel nous éclairant toujours plus et dévoilant un bleu pur que peu de nuages gâchaient. Les oiseaux sortant de leur sommeil égayaient la vie qui reprenait le cour. Et nous étions toujours au trot, s’enivrant d’une faible vitesse mais surtout d’un moment privilégié à deux.

Puis la route devient droite, plate, l’endroit parfait pour un petit galop. Je reculai une jambe et mon étalon se lança dans un galop régulier, la tête toujours haute, dressé, s’étendant de toute sa haute comme un fier arabe. Il s’élançait et dominant le monde animal. Les oiseaux s’envolaient en sa présence et les petits animaux se cachaient. Je serai à nouveau les jambes. Il allongea son allure, semblant voler au-dessus de la route. Je suivais le mouvement avec un sourire non dissimulé.

Puis il fallut revenir. Nous étions déjà partis depuis trop longtemps. La vie reprenait son court et m’appelai. Je remontai sur mes rênes et repassai mon étalon au trot puis au pas. Je tournai à gauche après avoir vérifié la circulation. Nulle voiture ne se présentait, je pris un autre chemin de terre, s’enfonçant dans la forêt me ramenant aux prés proche de l’écurie.
Ils étaient vides, bientôt de nouveaux locataires y vivraient. Ces chevaux arrivaient. Ils arrivaient dans quelques heures et je me devais d’être là pour les accueillir. Mon sourire devint déconfit n’ayant aucune envie de retourner à mon travail et à cette pression, à ces doutes. Mais je me fis violence, serrant les jambes pour rentrer au plus vite et avoir tout de préparé.

Songeuse je regardais les prés vides. Bientôt des chevaux fouleront les terres. De plus en plus de chevaux. Enfin. Si tout allait bien.