Les jambes croisées, un magasine ouvert dans les mains, je levais la tête vers la jeune femme en blouse blanche qui venait de prononcer mon nom. Je souris légèrement, l'attente commençait sérieusement à m'exaspérer et cette jeune femme venait de m'en sortir. Je reposais soigneusement le magazine de mode là où je l'avais trouvé, attrapais mon sac à main et rejoignais la jeune femme qui me tendait rapidement un dossier de papiers, tout en me donnant quelques détails importants sur les tests que je venais de passer. Alors que celle-ci comparait avec mes précédents résultats, j'observais les murs blancs. Je n'aimais pas les hôpitaux, leur ambiance. Si cela ne tenait qu'à moi je ne serais pas venu, mais il le fallait. Depuis que mon enfance, si parfaite s'est transformé en cauchemars, je me suis mise à développer des crises d'angoisses, de plus en plus grave. Depuis, je suis suivie par les cardiologues, ma respiration n'est pas toujours bien mais tout ça va mieux. Je vais mieux. Cela doit bien faire 4ans que je n'ai contracté aucune crise, mais par précaution, quelques tests s'imposaient, et d'après ce qu'était en train de m'expliquer la cardiologue, tout allait pour le mieux.
Les papiers sous le bras et le sac à la main, je quittais enfin la pièce. Je commençais sérieusement à trouver le "résumé" de cette fille très ennuyant. Passant par l'accueil pour indiquer encore et encore des informations sur mon identité, je pus ensuite quitter l'hôpital, non sans être triste. Finalement, tout ces papiers se firent vite encombrants. Je m'arrêtais pour tenter de les ranger dans mon sac mais je me ravisais, ne voulant pas les plier. Dans mon sac, mon paquet de cigarette se "présenta" à moi. Certes, j'avais décidé de ne plus trop fumer. Mais bon, le paquet n'avait qu'à pas danser sous mes yeux, m'appelant directement à fumer. Non cela ne m'apportait rien, rien du tout. Je suis loin d'être une accro. Mais j'aime bien. Oui, j'aime bien fumer, ça apaise. La cigarette dans la main droite, les papiers dans la gauche et le sac posé sur mon épaule, je tentais de chercher mon briquet tout en marchant, les yeux rivés sur mon sac et mes talons claquant régulièrement le sol. Bien entendu, j'avais oublié celui-ci dans la voiture, tant pis. Peut-être aurais-je dû regarder devant moi ? Ou pas justement car je me cognais finalement à un jeune homme d'une trentaine d'année, manquant de tomber. Un très beau jeune homme d'ailleurs. Tout en me baissant pour ramasser les papiers que, bien entendu, j'avais fait tombé, je m'excusais en un sourire.
- Oh excusez moi. Je ne faisais pas attention. C'est stupide.. Mais ça m'a permit de voir un homme en blouse très sexy, c'est cool.
Ah oui, c'est vrai, la franchise oui, le tact peut-être pas. Au pire, c'est un compliment jeune homme. Je trouvais cet homme vraiment attirant dans sa blouse un peu serrée. Ah ces hommes en uniformes, ils vous feraient tourner la tête. Peut-être celui-ci pourrait encore plus illuminer ma journée. Tout en regroupant enfin tous les papiers, je me redressais et souriait à ce jeune homme
- Si par hasard tu aurais du feu, tu serais plus que parfait. Enfin, si tu n'en as pas, ton charme sera toujours là.
( Excuse mon codage de pro qui te rendra jalouse ;) )
j'ai trouvé de l'or et même quelques étoiles en essuyant ses larmes
La journée commençait à s'allonger. J'avais été de garde toute la nuit, et bien évidemment, nous avions eu le droit à l'accouchement difficile d'une jeune mère, et donc à la naissance d'un jeune garçon prématuré. J'avais du m'occuper et de rassurer la jeune maman, et de garder en vie ce petit bout d'humain, pas bien costaud. Mais finalement, au petit matin, nous avions réussi à le stabiliser, et il dormait maintenant dans sa couveuse, en service de néonatalogie.
J'avais filé en début de matinée prendre une douche, un grand café fort, et j'avais pris mon chien avec moi. Je ne pourrais pas rentrer avant 20h le soir, et après déjà plus de 12 heures enfermé dans l'appartement, le pauvre Shogun allait finir par se sentir abandonné, si je le laissais seul plus longtemps. Sur les coups de 8 heures, j'étais à nouveau devant l'hôpital, essayant de me remémorer à quoi ressemblait ma dernière nuit de sommeil... En vain. J'étais de garde depuis deux jours, du coup j'avais du dormir moins d'une dizaine d'heures en l'espace de 72 heures. Et, malgré le café, je sentais que la journée allait être longue...
Je m'arrêtais à l'accueil déposer mon chien. L'une des standardistes affectionnait particulièrement les animaux, et grâce à elle je pouvais laisser Shogun à l'hôpital sans le faire monter dans les étages furtivement. En échange de quoi, je devais apporter le café tous les matins aux trois standardistes, et m'occuper tout seul de sortir le chien pour lui faire prendre un peu l'air. Je n'étais pas tout à fait certain de l'équité de la chose. Mais bon. C'est moi qui avais besoin de son aide, pas l'inverse, alors j'évitais de remettre en question les clauses de notre contrat tacite.
A la pause de mi-matinée, après avoir fait de la paperasse et surveillé le petit prématuré, je le déposais dans sa couveuse dans la chambre de sa mère, qui resplendissait de bonheur. Puis, essayant d'oublier que j'aurais pu voir ce même sourire sur celui de ma propre mère mais que le destin s'était joué de moi, je descendis récupérer Shogun, avant de sortir pour le laisser se dégourdir les pattes. Alors que je surveillais du coin de l’œil mon compagnon, je fus heurté de plein fouet par une pile de papiers. Et, accessoirement, la jeune femme qui allait avec. Qui me complimenta allègrement, m'arrachant un franc sourire. Elle n'avait pas sa langue dans sa poche, la blondinette.
En me baissant pour l'aider à ramasser ses papiers, le premier bouton de ma blouse sauta sous la pression. Oui, dans le petit hôpital d'Aberdeen, ils ne m'avaient fourni que du XL ce qui, vu ma carrure, était un peu juste. Du coup, comme me baisser n'était pas dans mes mouvements habituels, là elle avait eu du mal à tenir, la dite blouse. Bon. Ce n'était pas bien grave non plus. Certes, pour éviter de me serrer encore plus j'évitais de mettre un Tee-Shirt en-dessous, mais un bouton, ça n'était rien du tout. Quoi qu'il en soit, je lançais un petit clin d’œil à la jeune femme tout en m'amusant de la situation.
- Mince alors, je pense que c'est la couture qui a lâché, je ne vais pas pouvoir le reboutonner tout de suite...
Elle finit de ramasser tous ses papiers, avant de me demander du feu. Elle en avait de la chance, j'étais un médecin fumeur. Et, bien qu'une cigarette par jour fasse amplement mon bonheur, j'avais toujours un briquet dans ma poche. Soulevant ma blouse pour accéder à la fameuse poche, je sortis un briquet argenté avant de lui tendre.
- J'avoue que la promesse de devenir plus que parfait m'a fortement tenté... Et au cas où "l'homme-plus-que-parfait" te semble un peu pompeux comme nom, je m'appelle Lancelot.
Le garçon que j'avais, malencontreusement, ou plutôt, heureusement, percuté, m'aida à ramasser la pile de papiers qui avait voler au sol. Je le remerciais chaleureusement et finissais de tout regroupé quand le bouton de sa chemise sauta. Pour mon plus grand bonheur à dire vrai. Les personnes lui ayant fourni cette blouse avaient dû légèrement se tromper sur la taille puis-ce que je pouvais remarquer qu'il n'avait même pas de tee-shirt dessous. Sans gêne, j'observais alors cette fameuse couture, ou plutôt ce qu'elle laissait voir de la carrure du garçon et souriais grandement à la phrase de cet homme, et du charmant clin d'œil allant avec. C'est qu'il avait du charme le médecin. Je rangeais rapidement la pile de papier dans mon sac à main, oubliant la petite peur que j'avais de les plier et approchais mes doigts de la couture avec un sourire, regardant cette fois réellement la blouse.
- Il y a un petit soucis de taille non ? Enfin c'est réparable, même si, à mon humble avis, le fait que tu ne puisse pas reboutonner n'en est que plus agréable !
Forcément, je n'allais pas me plaindre de la situation. Non, ce n'était vraiment pas mon style. J'enlevais ma main, tout de même tandis que le Monsieur plus-que-parfait me tendait mon bonheur, un briquet. Ah un homme en blouse sexy qui en plus répondait à mon besoin actuel : Du feu. Le briquet argenté qu'il me tendait fût rapidement entre mes doigts et, cigarette entre les lèvres, j'allumais celle-ci, inspirant une bouffée de fumée au passage, que je soufflais ensuite sur le côté, n'envoyant pas celle-ci sur le visage du beau garçon qui se présentait désormais. Je lui tendais son briquet, la cigarette dans l'autre main, souriant de sa dernière réplique et lui lançant à mon tour un clin d'œil.
- Tu n'étais déjà pas loin de l'être., Lancelot donc. L'homme plus-que parfait n'est pas mal comme nom mais, je vais plutôt t'appeler Lancelot, tout en te sachant parfait ! Et moi, c'est Gina.
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Comment cela se faisait-il qu'une parfaite inconnue remarque elle-même que la blouse n'était pas à sa taille, alors même que la directrice du service néonatalogie n'en voyait rien ? Je commençais sérieusement à me demander si elle-même n'était pas ravie de me voir engoncé comme je l'étais dans mon vêtement de fonction. Peut-être même espérait-elle secrètement qu'un bouton allait, justement, éclater devant elle ? Bon. Vu les cheveux grisonnants et les rendez-vous réguliers de ma-dite supérieure chez le chirurgien esthétique, j'espérais pour moi que c'était juste que sa vue baissait.
Quoi qu'il en soit, la blondinette le remarqua très justement, rajoutant même son point de vue, fort plaisant.
- Soit le Directeur de l'hôpital craint pour mon célibat et veut me faire bien voir auprès de délicieuses blondinettes, soit il n'a pas encore assimilé qu'un sage-femme pouvait faire de la musculation, je n'en sais rien...
Je la regardais ranger prestement les papiers dans son sac, reconnaissant à la volée le logo de l'hôpital en en-tête. Donc, dommage pour moi, elle n'avait pas l'habitude de se promener dans le coin, elle était juste de passage pour des examens. Qui ne devaient pas être trop mauvais, quels qu'ils fussent, car elle n'était pas en pleurs ni dégoulinante de maquillage.
Elle alluma sa cigarette, et je ne lui fis bien évidemment aucune remarque. Après tout, je fumais moi aussi, bien que m'y mettre maintenant tout de suite ne me tentais pas. Même en ayant fait de charmantes études de médecines et avoir plutôt bien assimilé les ravages du goudron de ces petits jouets, je n'avais pas arrêté. Après tout, ma mère n'avait jamais touché ni à l'alcool ni à la cigarette de sa vie, et pourtant elle était morte. Ne pas fumer ni boire ne préservait pas de tout. Du coup, j'aurais eu bien tort de me priver.
Elle se présenta, avec un fort joli prénom. Les prénoms normaux, je trouvais ça chouette, moi. Parce que oui, mine de rien, en 2015, les chevaliers de la Table Ronde, ça ne courrait pas les rues. Du coup, même si c'était la première Gina que je rencontrais, son prénom ne me rappelait aucune sombre Princesse des temps anciens. Elle avait donc un prénom normal.
- Enchanté alors, Gina.
Shogun, visiblement intrigué de voir son maître en compagnie de quelqu'un d'autre (ou peut-être intrigué de voir un bouton gésir au sol, aussi), s'était approché de ma jambe. J'en profitais pour terminer les présentations.
Petit à petit, ma cigarette se consumait alors que j'inspirais de la fumée puis la recrachais. Je savais tous les effets que pouvait procurer celle-ci mais cela ne me faisait rien. Et puis étant donner que je ne fumais pas régulièrement, ce n'était pas bien grave. Le médecin ne faisait aucune remarque et ce n'était pas plus mal. M'enfin, celui-ci ayant sorti quelques minutes plus tôt un briquet de sa poche, je me doutais que ce n'étais pas dans le simple but de le prêter lorsqu'une blonde comme moi, cherchait à allumer sa pauvre clope.Alors que j'avais fait une remarque sur la taille de sa blouse, -qui n'aurait pas vu que le magnifique corps de Lancelot était bien à l'étroit à l'intérieur?- celui-ci me répondit, plaisantant légèrement sur le Directeur de l'hôpital. Je souriais toujours.
- Soit cela lui plaît de voir son salarié dans une tenue quelque peu moulante. Quoi qu'il en soit, si la première raison est juste, il n'a pas tort car cette petite blouse et ce qu'il s'y cache dessous est très attirant.
Je ne cachais pas le moins du monde mes pensées, et ça, le sage-femme au nom de chevalier avait du bien le remarquer. En parlant de son métier, je m'étais souvent demandé pourquoi on s'entêtait à appeler sage-femme un homme. Certes sage-homme était assez particulier à prononcer mais bon. N'allant pas débattre seule dans ma tête sur le sexisme du métier, je reportais mon attention vers un mouvement près de la jambe de ce monsieur que j'avais imaginé faire de la musculation en blouse. Un chien ? Quelle bête j'avais fait en ne le remarquant même pas avant que l'homme ne le présente. Hum. Avais-je été tant que ça obnubilée par Lancelot la/le sage femme ? J'observais la bouille du chien au nom assez amusant. Sa tête et son corps fins me rappelèrent de suite le lévrier et sa couleur venait probablement du berger. Berger Malinois ou Allemand je n'en savais rien. Toujours est-il que le canin était d'une grande élégance, ah on dit toujours qu chien et maître se ressemblent. A nouveau, je me baissais légèrement, de façon à être à la hauteur du chien.
- Salut toi. Il est très joli. Lévrier et ? Berger ?
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Ah, elle avait eu la même réflexion que moi. Bien que je doutais un instant que le Directeur de l'hôpital soit même au courant de mon existence. J'avais du le voir une fois, lors de mon entretien d'embauche, et c'était tout. Et, vu que nous étions à tout casser 5 ou 6 dans le service natalité, qui était l'un des moins fournis de l'hôpital, il ne devait pas vraiment se souvenir de moi. Après, il ne m'avait pas semblé gay, lors de l'entretien. Il me semblait même me rappeler d'une alliance, le concernant. Les mariages gays étaient-ils autorisés en Ecosse ? Depuis quelques années ils l'étaient en France, mais ailleurs, je n'en savais fichtrement rien...
Elle m'amusait décidément beaucoup, la jolie Gina. Elle n'avait pas froid aux yeux, et dans ma vie tiraillée entre la solitude à l'écurie (mon étalon devait faire peur, ça n'était pas possible autrement) et le sérieux du personnel d'hôpital, un peu de charmante compagnie me faisait le plus grand bien.
- Tu es souvent attirée par ce que tu ne vois pas ? A moins que tu n'ai un radar qui passe à travers les vêtements, en ce cas j'espère que tu es satisfaite de ce que tu vois...
Je savais bien que mon passé de cascadeur et mes entraînements quotidiens avaient faits de moi un homme musclé, avec une forte carrure. Ce qui, la plupart du temps, plaisait beaucoup à ce demoiselles...
Bref. Mon chien avait réussi à charmer la demoiselle. Il était fort, ce Shogun. Très bon moyen pour draguer. A retenir. Et certainement bien plus efficace que El Perdedor, mon lunatique étalon. Au moins, le chien rassemblait les foules. Et les jolies blondes. Elle reconnut rapidement les deux races, ce qui m'amena à regarder mon chien d'un air étonné. Pourtant non, ça n'était pas écrit sur sa figure. Bon. Elle était douée alors.
- Lévrier Italien et Berger Allemand, bien joué. Tu t'y connais, je me trompe ?
L'homme plus-que-parfait semblait s'amuser de la situation, peut-être n'était-il pas habitué au rentre dedans tel que je m'y amusais. Sa question me fit sourire, mes lèvres s'étirant à nouveau sur mon visage. J'aurais bien aimé, dans de tels cas, avoir un rayon filtrant.. Franchement, ça ne serait pas mal, vraiment pas mal ! Pouvoir, sans que personne ne s'en aperçoive, observer le corps de ces messieurs bien roulés. C'est le genre de choses que je pourrais être tentée de commander pour noël. Haha, le pauvre petit vieux doit se mordre la barbe de mes pensées. Oui bon, je ne crois pas vraiment au père noël mais bon.. Ce pourrait être marrant de voir un gros homme rouge à la barbe blanche lire ma lettre : Salut père noël. Dis, j'voudrais bien un laser pour pouvoir mater les beaux mecs à travers leurs habits, même si j'ai pas été sage. Bref...
- Non, je suis attirée seulement si je pense que ça vaut le coup ! Pour le radar... J'voudrais bien mais ce n'est malheureusement pas le cas... C'est bien dommage. Par contre, je me dis que, sous cette petite blouse serrée qui épouse bien ton torse, ce ne doit pas être mal... Et puis, le peu que je vois ne laisse deviner que du bon.
Il est vrai que si je voyais réellement ce qui se cache dessous, je serais bien plus que satisfaite... Je penses. Une chose est sûre, Lancelot est loin d'être un homme maigre sans muscle, ni un tas de graisse. D'après le regard de ce jeune homme, je compris qu'il était étonné de m'avoir entendu citer le petit mélange qu'était son chien. Un beau mélange. Ni voyante, ni divinatrice, je devais bien entendu mes connaissances à mon travail avec ces quatre pattes et mon amour pour ces bestioles poilues.
- Ah Berger Allemand... J'hésitais avec le malinois. On peut dire que je m'y connais un peu en effet, je travaille en tant qu'éducatrice canine. J'ai vu beaucoup de chien...
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Bon, au moins, elle me confirmait que mes heures passées à la salle de sport n'étaient pas vaines. Certes, mes muscles me servaient aussi à éviter de me faire mener à la baguette par mon étalon, histoire de ne pas finir haché menu-menu sous les barrières des prés. Et pas que à paraître serré dans ma blouse d'hôpital. Mais si ça pouvait m'attirer les faveurs de belles blondes, je n'allais certainement pas décider d'arrêter là-maintenant-tout de suite.
Je lui souris comme toute réponse. Lorsqu'elle me répondit qu'elle s'occupait de l'éducation des chiens, je ris un bon coup, avant de caresser le dessus de la tête de Shogun.
- Au moins, si tu n'es pas sage, voilà chez qui tu iras passer les week-ends... J'te conseille de te tenir à carreaux, elle a pas l'air commode, la madame...
Je rajoutais un clin d’œil, qu'elle seule comprendrait comme étant une manière de dire que je n'en pensais pas un mot. Elle ne ferait pas de mal à une mouche, la Gina. En tous cas, elle n'avait pas l'air d'en être capable. Ce qui n'était pas plus mal, d'ailleurs.
Tout d'un coup, je sentis mon bipeur sonner dans ma poche. J'entendis ma chef de service m'appeler, pour me demander où était passé le bébé de madame Urkia, qui devait être en couveuse, mais qui n'y était visiblement pas. Je décrochais, l'air exténué.
- Dans la salle derrière, il criait trop et réveillait les autres... Ouais, non attend, j'arrive, ça sera plus pratique.
Je regardais ma nouvelle amie avec un air désolée, et je tapais de la paume de ma main ma cuisse pour rappeler Shogun. Avec un petit air désolé, je m'excusais de devoir la quitter si vite.
- Je suis au regret de me séparer de ta si charmante compagnie... Le devoir m'appelle.
Puis, un peu comme un voleur, mais après tout j'avais déjà dépassé mon temps de pause depuis un bon bout de temps, je filais vers les portes de l'hôpital reprendre mon travail...
J'observais le maître rire de son chien puis m'adresser un clin d'oeil. Non, je ne mange pas les chiens et je ne leur fait pas de mal. Certes l'autorité peut s'avérer indispensable pour les chiens mais il ne fallait pas confondre autorité et dureté. Je préférais travailler sur la confiance et le jeu, sur la relation maître-chien, bien plus intéressante et fructueuse. Et puis, avant de travailler avec un chien, il faut le comprendre. C'est comme avec les hommes. Bon, arrêtons là les comparaisons. Je souriais. Ces deux là avaient l'air de bien s'entendre. Déjà pour qu'il l'emmène au travail, c'est qu'il doit plutôt être sage, ce bonhomme. Alors que le jeune homme blaguait encore, un bip répétitif se fit entendre. Etant donné que j'avais rencontré le garçon devant un hôpital et qu'il était vêtu d'une blouse blanche, il ne me fallut que peu de temps pour comprendre le pourquoi du comment. Lancelot répondit à la voix qui lui parlait, le devoir l’appelait. Le garçon s'excusa rapidement puis me salua, chose que je fis également
- Je comprends, à une prochaine fois peut-être !
Sur ce, je commençais à m'éloigner de l'hôpital, pensant à cette charmante rencontre. Oui, il faut le dire, charmant est un mot qui qualifie bien le sage femme. Cela donnerait bien envie d'accoucher pour le revoir, le beau garçon. Mais premièrement, se taper 9 mois de courbatures et 18 ans à entendre ton gosse te répondre, c'était un peu trop demander juste pour revoir un homme le temps de l'atrocité de l'accouchement. Et puis bon, de nos jours, il existe une nouvelle technologie très pratique que l'on appelle, le téléphone. Ah oui, je n'y avait pas penser. De toute façon, le destin fera les choses et si vraiment je suis en manque de bel homme en blouse blanche, je sais maintenant ou le retrouver.