Andrea, à peine arrivé, se retrouvait encombré d'une mission. En tant que prof, il avait cru pouvoir y échapper. Mais pas de bol, tout le monde semblait être mis à contribution pour rattraper ce cheval fou. Visiblement, il s'était fait imposé une élève pour l'accompagner. Il espérait juste qu'elle serait gentille et supportable... Il lui avait fait dire qu'ils chercheraient vers les prés. Il ne connaissait pas les environs, et puis en cas de problème, il valait mieux rester pas loin de l'écurie. Il allait être le plus vieux, et il serait responsable. A cette simple pensée, il soupira.
Il attendait juste à "l'entrée" des prés. Accoudé à une barrière, il gardait son regard fixé vers les bâtiments. Il était arrivé en avance, il aurait voulu aller voir Caesarivs, mais finalement il avait préféré attendre sa compagne d'infortune. Si le trait fou furieux était les parages, autant ne pas se balader seul. A bout d'une dizaine de minutes, il vit une silhouette se profiler à l'horizon. Une jeune fille, visiblement. Et, à vrai dire, il s'en moquait, que ce soit une fille ou un garçon. Il n'attendait rien.
Je venais d’arriver cette nuit, j’étais encore épuisée, heureusement que Jean-Claude et venu m’aider sinon je pense que je serais morte à l’heure qu’il est !
Je m’habille rapidement avant de descendre vers la salle commune, une énorme pancarte avec une photo d’un cheval de trait bai avec marqué « PERDU ».
Chaque personne devait partir à sa recherche et on m’avait mis avec un certain Andrea Echtears. Bien sûr vu que je viens d’arriver, je ne le connais pas, je sais juste qu’on doit aller chercher dans les prés. Je sors du bâtiment, en direction des prés. J’aperçois une silhouette masculine. J’espère ne pas tomber sur un type trop chiant.
Une jolie petite bouille rousse fit son apparition à ses côtés. Andrea rangea son téléphone dans sa poche; de toutes façons, il ne s'en servait que rarement. Pas beaucoup d'amis pour lui envoyer des sms. Pas forcément de famille très proche pour lui demander de ses nouvelles. S'il n'était plus en très bon état si longtemps après le drame, c'était en partie parce qu'il n'y avait jamais eu personne pour l'épauler. Et ce n'était pas Caesarivs, si précieux fut-il, qui aurait pu le consoler.
Il s'approcha d'elle, essayant de sourire. De son point de vue, ça devait plus ressembler à une étrange grimace, mais ça devait peut-être ressembler à un sourire, après tout. Elle avait l'air nouvelle, un peu perdue. Savait-elle qu'il était, en quelques sortes, son prof' ? Peut-être pas. Il se promit de le lui faire comprendre si elle ne s'en rendait pas compte d'elle-même. Estimant qu'une poignée de main serait trop formelle, il se contenta d'une brève phrase d'introduction.
Un homme brun, un peu plus âgé que moi se tenait près des prés, je suis nulle pour deviner l’âge des gens, mais je pense qu’il doit avoir environ 27 ans.
Je ne l’avais jamais vu. Bon il faut dire aussi que je n’ai pas croisé grand monde ici, mais bon, j’aurais pu le croiser quand j’allais dans la salle commune, du moins si il est dans ma maison. Il se présenta, avec un sourire assez timide, que je lui rendis.
Bon. Elle n'avait pas l'air si horrible que ça, la petite Emily. Pour l'instant, du peu qu'il en avait vu, Andrea pouvait penser que ça se passerait bien. Le monde de l'équitation conditionnait des gens bien, la plupart du temps. Il rajouta, plus pour son ego que pour combler la conversation, la fameuse petite information.
- Entre autres, je suis mono ici. Mais, pour l'instant, je suis, avec toi, le préposé au rattrapage de cheval fugueur...
Il regarda autour de lui. Pas grand chose, les prés étaient occupés, c'étaient les plus proches de l'écurie, donc les plus prisés. Il se leva un peu sur la pointe des pieds pour regarder au loin. Non, rien de rien. Revenant à la jeune fille, il lui proposa un plan.
- S'il traîne dans les prés, ce n'est certainement pas là. Les prés sont occupés, on aurait retrouvé des dommages, et ils auraient été rapportés au directeur. On pourrait peut-être avancer un peu, vers ceux du fond qui n'ont pas encore de pensionnaire ?
Andrea ajoute qu’il est moniteur ici, bon après tout ce n’est pas ce qui me gêne le plus ; certes les moniteurs sont plutôt « grande-gueule », mais ce ne sont pas eux qui vont se « foutre de la gueule du monde ». Il proposa ensuite d’aller vers les prés du fond, ceux qui n’ont pour le moment aucuns pensionnaires.
« Oui, je pense que c’est une bonne idée d’aller d’abord voir ceux du fond. »
C’est vrai, que si il est dans les prés proche de l’écurie, la plupart des chevaux serait plus « excités » à l’idée de croiser un cheval inconnu qui se balade seul et en liberté.
Point final. Quand je vous ait dit qu'Andrea n'était pas bavard ! Une personne normale aurait certainement profité de ce moment pour en apprendre plus sur la demoiselle, surtout qu'il risquait fort de la retrouver en tant qu'élève. Il se souviendrait de son prénom mais, s'il continuait ainsi, il serait incapable d'en dire plus. Et, pourtant, à ce moment, ces pensées étaient le cadet de ses soucis.
Ils avancèrent, tranquillement, en silence. La pente était légère, mais le temps se faisait de plus en plus froid, et la rosée avait de plus en plus de mal à s'évaporer. Le terrain était donc légèrement glissant. En avançant d'à peine quelques prés, un braiment strident les interrompit. Andrea, retrouvant un sourire d'enfant, se retourna pour prévenir la jeune fille.
- T'inquiètes pas, ce doit être mon âne qui m'a senti arriver...
Nous avançons dans les prés, encore humides et glissants à cause de la rosée. Le temps est encore frais, et pourtant le soleil est au rendez-vous ; tant mieux, car chercher un cheval sous la pluie et sous le brouillard, c’est pas super. Je n’avais encore jamais vu les prés du haras, mais ils sont assez spatiaux, mais certains sont encore vide. J’entendis un braiment derrière moi, je me retourne et je vois un âne, Andrea me dit que c’est le sien.
« Tu as un âne ? Je n’ai jamais eu l’occasion d’en voir régulièrement. »
Oui, je sais ce n’est pas vraiment la phrase idéale, mais bon.
Lorsqu'il parlait de son âne, son amour, sa lumière, Andrea n'était plus le même. Cela se voyait dans ses yeux, dans ses gestes... Dans son être. Il était tellement pétri d'amour pour son petit pie qu'il n'avait plus aucune objectivité. Ce qui le changeait agréablement du quotidien, à vrai dire. Et ce n'était pas plus mal. Alors que l'équidé les suivait le long de la barrière en trottinant, il répondit aux questions de la jeune fille.
- Ça doit faire 7 ans. Son âge, en fait, je l'ai vu naître, et je ne l'ai plus jamais quitté.
Une petite ombre voila son visage. 7 ans, c'était un an de moins. De moins que la catastrophe. Et ça, même tout l'amour du monde ne pouvait le lui faire oublier. Tentant de relancer la conversation tout de même, il demanda à son tour des informations sur Emily.
- Et toi ? Tu es venue avec ton propre cheval, où tu as pris une Demi-Pension ?
Andrea me dit que qu’il a connu son âne depuis la naissance de ce dernier ; vu commet il en parle, je suppose que cet âne représente beaucoup pour lui. Je regarde l’âne, il est assez mignon ; mais ce qui me surprend le plus c’est sa robe ! Tous les ânes que j’ai vus avaient une robe allant du gris au noir ; mais pie, je n’en ai jamais vu !
« Je suis venue avec ma jument, c’est une Holstein »
Regen, je ne l’ai eu il y a environ 4-5 mois, mais pour le moment on n’est pas vraiment complices, mais je suppose que ça viendra avec le temps.
« Mais au fait, si on trouve cet étalon, on n’a rien pour l’attirer vers nous ! »
Arrivées au bout du pré de l'âne venaient les prés inoccupés. Se retournant un instant pour répondre à la jeune fille, Andrea haussa les épaules. Oui, il ne savait fichtrement pas comment attraper ce fichu cheval. Il avait tellement d'années de monitorat derrière lui qu'il avait l'habitude de cohabiter avec des chevaux de club, sympathiques et pas dangereux pour un sous.
- S'il est aussi méchant que ça, je pense simplement qu'il va nous foncer dessus. Ou nous éviter. Dans les deux cas, si on trouve sa trace, on pourra toujours appeler le directeur pour demander de l'aide.
Il avisa une rangée d'arbres, à l'opposé d'un pré inoccupé. Passant entre les deux barrières, il invita Emily à le rejoindre.
- On pourrait essayer de le chercher dans des endroits un peu camouflés comme la pinède là-bas, non ?
On venait d’arriver dans les prés inoccupés, il en a tellement qu’on n’en voyait pas le bou. Andrea traverse un pré, au bou de ce pré se trouvaient une rangée d’arbres. Ils étaient en rangs serrés et l’herbe y est haute, il bon endroit pour se cacher. Andrea me propose d’aller fouiller entre ses arbres.
« Pourquoi pas ! »
Je regarde le paysage à la recherche d’un mouvement quel qu’onques, mais rien. Ces prés sont grands, et personne ne sait réellement vers où est partit ce cheval, il peut très bien être ici, comme être à des kilomètres de l’endroit où nous nous tenons.
Ils s'étaient avancés, et, comme par magie, la silhouette était apparue. Au loin, elle se détachait. Un cheval imposant, si loin de l'écurie, dans un pré normalement vide. Pas besoin d'être Sherlock Holmes pour deviner qu'ils avaient trouvés. Grommelant, Andrea s'adressa plus à lui-même qu'autre chose.
- Bah c'est bien ma veine ça. Si j'avais su qu'il était si près...
Il se retourna vers Emily, lui adressant un petit sourire forcé. Il était réputé méchant, quand même, ça n'était pas top rassurant. Au loin, il entendait le braiment de son âne, comme un avertissement.
- Au final, on va savoir plus vite que prévu comment l'attraper, je pense...
J’étais tellement en train d’observer les alentours, que je ne remarque que le cheval se tient devant nous ; j’entends Andrea marmonner quelque chose que je n’arrive pas à comprendre :
« Tu me parlais ? »
Mais vu son expression, non il ne me parlait pas, je regarde devant moi, et là un étalon bai se tient devant nous.
« Ah, euh, eh bien oui, je pense qu’on va vite découvrir comment l’attraper. »
Je ne sais pas si l’étalon nous a vus, mais il regarde dans notre direction.
« Je propose qu’on appelle je directeur pour qu’il puisse venir avec le van, ou au moins avec un licol. »
Devant la proposition d'Emily, Andrea resta sceptique un moment. Si le Directeur avait vraiment voulu ce cheval, il serait venu le chercher par lui-même. Le jeune homme ne voyait pas pourquoi il viendrait les aider. Sous prétexte qu'il était prof', il y avait de grandes chances pour qu'il lui demande de se débrouiller seul... Ne voulant tout de même paraître défaitiste, il répondit à la jeune fille.
- Si tu veux, essaie de le joindre, on sait jamais...
Plus ils se rapprochaient de l'étalon, et plus sa silhouette devenait imposante. Normal, me direz-vous. Oui, mais avec ceci allait aussi la nette impression que c'était une quête impossible. Un bon coup de sabot bien placé suffirait à leur casser quelque chose, vu la musculature de la bête. Dénouant son écharpe, Andrea expliqua son plan.
- Faut qu'on se sépare, un à droite, un à gauche. En fait, il suffirait de lui cacher la vue pour qu'il devienne sage comme une image. C'est ce principe qu'ils utilisaient pour les chevaux de carrioles dans l'ancien temps, pour qu'ils n'aient pas peur des moteurs. Je vois pas pourquoi ça aurait changé depuis...
Je n’eus l’impression qu’appeler le directeur n’est pas la meilleure chose à faire selon Andrea, et puis de toute façon il n’y a pas de réseau ici, alors je laisse tomber l’idée.
Sa silhouette massive d’un bon mètre quatre-vingt, et son regard ne me disait rien de bon ; mais Andrea eut une idée. Je n’avais jamais entendue parler que dans les temps ancien ont mettaient des foulards autours des yeux des chevaux pour qu’ils aient moins peur, mais l’idée me parue pas mal. Un peu dangereuse - car il fallait s’approcher du cheval - mais bonne.
« Ça marche, je prends à gauche, tu prends à droite. »
Jetant un regard à la jeune fille, il essaya de ne pas paraître trop étrange en lui disant simplement.
- Okey. Good luck.
Il savait qu'il était incapable de le faire. Rien qu'à l'idée de devoir maîtriser un monstre de cette taille, son bras blessé le lançait. Il avait une veste, aussi Emily ne pouvait se douter de rien. Il espérait juste que ça ne se passerait pas si mal que ça. S'approchant à pas mesurés, suivant la cadence d'Emily, il parlait doucement. Des fois qu'un timbre de voix puisse amadouer un cheval fou...
- Hello toi ! Bah alors, tu t'es perdu peut-être ? Tout seul, là, dans un pré. Tu sais que tout le monde te cherches, mon grand ?
J’avance vers le cheval, je ne sais pas vraiment si cette idée va marcher, car il va falloir passer juste à côté du cheval, et au vu de son regard, je ne pense pas qu’il est réellement envie qu’on le reconduise vers les écuries.
J’entends Andrea parler, il parle au cheval, je ne sais pas si ça sera concluant ou pas. Je continus à avancer, je ne sais pas si le cheval m’a vu, mais plus je m’approche plus il devient massif et je distingue mieux son air : un air méchant.
Je regarde Andrea pour savoir si il fallait y aller maintenant ou pas.
Le cheval voulait les impressionner. Dommage, avec Andrea ça ne marchait pas. Des chevaux méchants, il en avait vus, en tant d'années de monitorat et tant de clubs fréquentés. Ce n'était pas lui qui allait avoir peur.
- On peut avancer, de toutes façons il va devoir choisir de se focaliser sur un seul d'entre nous.
Il ne pourrait pas les surveiller tous les deux, tout puissant qu'il semblait être, le bai. Tout fou-furieux qu'il paraissait, ce n'était pas super-cheval. Il allait devoir choisir qui attaquer, et à ce moment-là l'autre devrait essayer de l'attraper, je lui bander les yeux, de le maîtriser. Joli programme. Tous les matins au petit déjeuner. Ils s'approchaient toujours plus, chacun de leur côté.
L’étalon voulait jouer, et dans son jeu nous on est les victimes et lui c’est le méchant, le méchant qui veut impressionner, le méchant au regard cruel qui n’a qu’une seule envie : de terroriser ses victimes, et je dois bien me l’avouer, plus j’avance plus son regard me donne envie de déguerpir très loin d’ici. Mais nous avons un avantage numérique : on est deux et il est seul. J’entends Andrea me dire que l’étalon ne va s’attaquer qu’a l’un de nous deux, et pendant ce temps l’autre doit aller ‘’bander’’ les yeux de l’étalon.
Je ne sais pas si je dois avoir peur ou pas, et puis je ne sais comment réagir si l’étalon m’attaque, et je ne sais pas si j’arriverais à ‘’bander’’ les yeux de l’étalon si il attaque Andrea. Mais bon, on n’a pas le droit à l’erreur, alors je lui réponds.
En n'importe quel autre moment, Andrea aurait copieusement arrosé le cheval d'injures. Dieu qu'il était mal élevé ! Un cheval ne devenait pas méchant s'il était correctement éduqué, et si on lui montrait les limites dès son plus jeune âge. Quelqu'un avait fait une belle connerie en laissant tout-puissant un cheval de cette taille et de ce poids, et voilà que ça se répercutait sur eux. S'il avait eu le propriétaire en face, il lui aurait bien expliqué le pourquoi du comment il allait aller rattraper son taré tout seul comme un grand.
- Fais pas ton cinéma, mon grand, ça fonctionne pas.
Il se moquait que le cheval se cabre, rue, ou lui fonce dessus. A la limite, il préférait servir d'appât, pour laisser à Emily la part facile des choses. Il était responsable de la jeune fille, et l'attitude du bai ne le rassurait pas vraiment sur l'issue de la journée. Pourtant, il continuait à avancer, bien droit, la tête haute. Il ne fallait pas lui montrer qu'il les intimidait.
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