Le soleil était revenu après mon arrivée pluvieuse, à mon plus grand malheur car par ma condition de bretonne je n'étais pas habituée à de grandes chaleurs comme celles qui pesaient depuis lundi sur l'écurie malgré mes quelques années au Portugal. Mon travail s'en était ressenti, plutôt dirigé vers la farniente. Ceci expliquant cela, j'avais décidé de faire un trotting matinal ou plutôt après midinal car la grasse matinée m'avait attrapé et cloué au lit. Je m'étais dirigée avec bonheur vers les écuries. Le travail de réformer un cheval de course, qui plus est pur-sang n'était pas de tout repos mais je le faisait maintenant avec plaisir car j'apprenais à connaître Of Course. Il m'en faisait voir des vertes et des pas mûres mais je commençais à l’apprécier.
Occupé par sa sieste, mon étalon n'avait même pas pris la peine de relever la tête quand j'étais entrer dans son box. Décidément, la chaleur en venait à bout des plus excités ! Il dormait même quand je lui posa la selle sur le dos et le bridon sur la tête. J'espérais que cet état de relaxation resterait pendant la balade mais je ne me faisait pas trop d'illusion.
Et je ne me trompait pas, à peine arrivés dans la forêt dans un pas lent et mou qu'un vent frais vint frapper nos flancs. Cela ne semblait pas être au goût de môsieur qui releva brusquement la tête et partit au grand trot, bien décidé à n'en faire qu'à sa tête. Je ne voulais absolument pas lutter car j'avais moi aussi le plus grand besoin de me bouger. Je plaça donc mes aides de départ au galop, bien décidé à piquer un petit sprint contrôlé pour ne pas blesser Of Course. C'était sans compter sur les états d'âme de môsieur qui n'était pas habitué à galoper sous des arbres. J'eus donc droit à une séance de rodéo bien en règle, dérobades, cabrioles et j'en passe. J'avais l'air d'une patate sur le dos d'une courgette.
Un cavalier s'approcha alors, son cheval avait l'air chaud moins que le mien mais de peu. Of Course, voyant son congénère se stoppa sur place, me balançant son encolure dans le nez. Cela m'arracha un gémissement et je me tint le nez à deux mains quand le jeune homme m'adressa la parole :
" Salut ! Tu vas aussi au bassin ? On fait un bout de route ensemble ? "
Me tenant toujours le nez, je me redressa en respirant profondément pour lutter contre la douleur lancinante. Je me tourna vers le brun sur le bai, qui me souriait bêtement alors que la seule chose que je voulais était un mouchoir pour arrêter le sang et répondit :
"Oui, j'y bais. Oui, bas de broblème. T'aurais bas un bouchoir ?"
Heureusement, le ridicule ne tu pas car je serais morte à l'heure qu'il est.
" Hum. Tiens, c'est tout ce que j'ai. J'espère que ça ira. "
Complaisamment, il me tendis un mouchoir, comme une désespérée je me jeta dessus pas le moins du monde rebutée par l'aspect terreux du mouchoir. Je devais vraiment avoir l'air d'une folle mais pour l'heure, c'était mon sauveur et je lui devais ma reconnaissance. Je détestait ça d'ailleurs, c'était la deuxième fois en quelques jours que je devais mon "salut" à quelqu'un. Je n'étais pourtant pas aussi handicapée d'ordinaire et je détestait faire l'aumône. Je souris néanmoins et m'arracha un "Merci" étranglé.
A ce moment précis, le pur-sang du cavalier se mis à s'agiter. Tirant comme un forcené sur ses rênes. Le cavalier le stoppa d'une main ferme, coupant court à son caprice. Mon étalon, cependant ne s'arrêta pas là. Voulant montrer sa grande force d'étalon, il commençant à caracoler sur place, levant haut la queue et roulant des yeux. Je m'assis fermement dans ma selle et repris les rênes dans mes mains avant que les choses ne dégénèrent, le poussant en avant au pas sur un contact prononcé.
" Ca va mieux ? Au fait ! Je m'appelle Luka. Et lui... C'est Swag. Et toi ? "
Je hocha la tête et reprenant ma voix naturelle, je répondis :
"Oui, merci beaucoup d'ailleurs. Moi c'est Maëlle, lui Of Course, tu es là depuis longtemps ?"
Ma question était à double tranchant, avait il assisté à l'incendie et ... aux ruades de mon bel étalon. J'étais bien folle d'ailleurs de sortir déjà en promenade sur un pur sang très peu réformé. J'espérais juste développer ses muscles et je savais qu'il avait été sorti dans la nature auparavant mais cela ne me rassurait nullement.