L'après-midi, déjà bien avancée, commençait enfin à se rafraîchir. Les étés d'Arcachon n'étaient pas ardents, mais étouffants. Je maudissais intérieurement les modistes d'équitation qui n'étaient pas fichus d'inventer des pantalons légers pour l'été, et j'avançais d'un bon pas vers l'allée des boxes. Une Imagination surexcitée -comme à son habitude- courait plus ou moins derrière moi, après être restée deux heures au frais dans le Club-House avec moi.
J'entrais dans l'allée où logeaient mes trois chevaux, accordait une caresse à Giulietta et un regard à un Virgule effrayé de me voir si proche de la porte de son box, avant d'arriver devant une jolie jument pie, si imposante qu'elle semblait presque à l'étroit dans son box. Admirant ma petite dernière, Kiara, je tendis la main, avec un bonbon à la menthe bien en évidence au creux de ma paume. J'eus le droit à une réponse immédiate de sa part, et elle vint récupérer la friandise. Visiblement pas peureuse, elle resta avec moi, fourrageant dans mes mains et s'aventurant par-dessus la porte. Avec un sourire, je repoussais doucement sa tête.
- "Allons bon, mademoiselle. Je supposes que tu es bien plus forte que moi, fais attention. Sinon, moi c'est Avril.Attrapant d'une main le licol accroché à la porte et ouvrant le verrou de l'autre, j'entrais dans le box, dérangeant visiblement ma jument, qui ne recula qu'après que je l'ai poussée.
- "Va vraiment falloir faire un effort, Kiara, je suis toute petite comparé à toi."Avec un sourire, je lui enfilais son licol et l'entraînait dehors, au soleil. La cour grouillait de monde, et j'avais à gérer une jument curieuse et une chienne qui n'allait pas tarder à s'attirer des ennuis si elle continuait sur cette lancée. J'accrochais Kiara à la barrière, la laissant à sa contemplation du déchargement d'un nouvel équidé, alors que je partais chercher ma boîte à pansage. Je grondais ma chienne, la menaçant de l'enfermer dans la sellerie si elle ne se calmait pas, sans grand résultat.
Je revins avec la boîte, m'attelant d'abord à étriller ma jument. Elle était encore plus imposante que Giulietta, et je restais bien cinq minutes à m'affairer sur sa robe avant de me servir du bouchon. Si j'avais évité les parties osseuses auparavant, je m'occupais maintenant de lui décrasser tout le corps. Je terminais avec la brosse douce, me débattant un instant avec mademoiselle qui n'était pas particulièrement d'accord avec l'idée que j'avais de lui nettoyer la tête. Je parvins à mes fins, et m'attelait à ses crins.
Alors que je terminais tout juste de lui démêler queue et crinière, je vis une petite fille s'approcher timidement de moi, accompagnée par une mère souriante. M'accordant l'aide de Kiara par un bonbon de plus, je laissais l'enfant venir flatter l'encolure de ma jument, qui cependant n'était pas particulièrement encline à baisser la tête pour l'aider.
Ayant fini par curer soigneusement les pieds de Kiara, j'aspergeais de répulsif son poitrail, sa croupe et son ventre. Bien que parfaitement entretenue, l'écurie attirait les mouches en été, et j'avais vite eu pitié de ma grande pie qui n'arrêtait de fouailler de la queue.
Ayant perdu ma chienne des yeux mais n'entendant ni cri ni aboiements violents, j'en déduis qu'elle faisait une bêtise trop petite pour être remarquée. Je me dirigeais donc à nouveau vers la sellerie, ayant resserré le nœud du licol qui avait été mis à mal par l'épisode de la brosse douce. J'allais faire l'échange entre ma boîte de pansage et les affaires de mademoiselle, flambantes neuves. Parfois, le fait d'être vendeuse avait beaucoup de bon...
Je fis d'abord deux allers-retours, avec la selle de dressage qui était trop imposante pour moi et qui m'empêcha de prendre autre chose.
Je déposais le tapis, l'amortisseur, et posais aussi délicatement que possible la selle sur le dos de Kiara. Elle était largement plus grande que moi, et je m'excusais d'une petite caresse après avoir plus ou moins réussi l'épreuve de la selle. Je sanglais, juste assez pour éviter que la selle ne tombe, et je rajoutais une fourrure de sangle. Histoire que la selle à un prix exorbitant ne finisse pas à la poubelle dès la fin de la séance.
Je complétais son équipement par son filet en laissant son licol en collier de chien, me souvenant au dernier moment que j'avais un bonnet anti-mouches. Je filais le chercher et lui rajoutais, m'assurant au passage qu'aucun moucheron n'avait décidé de venir pondre dans ses oreilles.
Avant de partir je l'équipais de guêtres et de protège-boulets, et finis par la détacher de la barrière, posant soigneusement le licol sur le bord de l'espace d'attache. J'étais certaine de le retrouver là au retour, mais je l'avais tout de même détaché de l'anneau afin de ne pas bloquer une attache pour un cheval qui n'était pas là.
Je fis passer les rênes par-dessus la tête de ma jument, m'étonnant de la docilité avec laquelle elle me suivait. Par mesure de précaution, je tins ses rênes à proximité de son mors, la bombe pendant accroché autour de mon avant-bras.
Nous étions parées pour la séance de dressage.
Cours de Dressage