Armée de mon Canon, je me sentais invincible ! Ca faisait déjà 4h que j'étais partie des écuries, désireuse de découvrir un peu les alentours. En prenant mon petit déjeuner à une terrasse en ville, j'avais entendu deux touristes parler de la Dune du Pilat. Inconnu au bataillon, ce lieu avait la réputation d'être de toute beauté. Je décidais donc d'aller vérifier par moi même.
Short en jean, crop top blanc laissant à découvert un peu de peau, lunette de soleil et boléro, je fredonnais "Thé à la menthe", un morceau acoustique assez entrainant que j'avais découvert il y a peu.
Je descendis vers la plage et m'assis. 4h de marche, c'était long mine de rien, et je n'étais pas contre une petite pause. Le vent se leva, léger, et caressa mes jambes, mes bras, mon visage nus, en soulevant légèrement mes cheveux. Un véritable plaisir.
Je pensais immédiatement que si le travail avec Kaspyan portait ses fruits, je l'emmènerais ici.
Je sortis une cigarette de mon sac à dos, ainsi qu'une bouteille d'eau, encore fraîche grâce au papier d'aluminium qui l'entourait. J'en bus deux gorgées, puis la rangeait dans mon sac, à l'ombre, avant d'allumer ma cigarette.
Les yeux cachés par mes lunettes de soleil un tantinet vintage, je laissais mon esprit vagabonder en regardant les gens passer, seuls, accompagnés..
La solitude me pesa, un court instant.
Dernière édition par Keziah Cooper le Lun 12 Mai - 13:29, édité 2 fois
Le cri de surprise m'échappe. En effet, coupée du monde par mes écouteurs et mes diverses rêveries, je ne vois ni n'entend l'animal me foncer dessus.
Je finis allongée, dos sur le sable, avec un berger australien d'une taille quand même conséquente sur moi. Et après le cri de surprise, c'est un véritable fou rire qui s'échappe de ma bouche. En même temps, c'est cocasse, ce gros machin plein de poils qui manque presque de s'assoir sur moi.
Je le pousse délicatement, pour me redresser, mais curieusement, il ne semble pas partir. Sentant quelque chose sous ma cuisse, je me décale et trouve en effet une espèce de jouet pour chien, machouillé, à la forme assez énigmatique. Le chien s'en empare instantanément, heureux comme un gosse à Noël. Je ris de nouveau devant l'entrain de l'animal, assez contagieux, je dois l'avouer.
"Ben t'es tout seul toi aussi ?"
Ma main caresse le poitrail de l'animal, qui ne semble pas mécontent.
Mais d'un coup, il bondit, s'enfuyant derrière moi, attiré par je ne sais quel bruit qui m'avait échappé.
Je me retourne donc, curieuse...
Dernière édition par Keziah Cooper le Lun 12 Mai - 13:33, édité 1 fois
Le propriétaire du chien était en fait la cause de la disparition soudaine de celui ci. Un grand brun s'approchait vers moi, un sourire un peu gêné vissé sur les lèvres. Ne comprenant pas la cause de cette gêne, j'eu un léger regard vers moi même, pour me découvrir couverte de sable. Je m'époussetais alors, un franc sourire aux lèvres, consciente d'être probablement en train de me couvrir de ridicule.
"Ne vous en faites pas, il est absolument adorable"
Je vis le regard du jeune homme se porter vers mon appareil photo, dans un réflexe que je n'avais moi même pas eu. Je vérifiais alors, rapidement, l'absence de sable dans le sac qui me servait à le protéger, et ne voyant rien d'anormal, je le reposais, à côté de là où j'étais assise, avant de me relever. Mine de rien, j'avais beau être assez grande, il me mettait une bonne tête une fois que je me sois relevée. J'étais bien contente de ne pas avoir optée pour un "je reste vissée les fesses dans le sable", j'aurais eu l'air d'un petit troll !
"Et en plus l'appareil n'a rien. Tout va bien quoi. "
Je souris au maître d'Epsilon, mais me sent vite mal à l'aise. Je ne tiens pas souvent de conversations depuis ces dernières années. Ou brèves et superficielles. Les premiers mots me sont toujours délicats, et je prie pour avoir un interlocuteur locace en face de moi. Ou une boule de poil comme Epsilon, pour briser la glace. Je caresse le chien, posté entre son maître et moi, avec un air curieux. Être le centre de l'attention a l'air de bien lui plaire, et je me détend un peu en passant ma main derrière ses oreilles.
"Epsilon.. C'est un drôle de nom mine de rien", dis-je avec un sourire, en levant légèrement le visage vers mon interlocuteur.
Je suis un peu perdue dans les indications du grand brun. A vrai dire, heureusement que Epsilon était là, ça détendait un peu l'ambiance. J'avais vécu trop longtemps à vadrouiller sans créer de liens.
L'île aux Oiseaux vous dites ? Attendez ..
Je m'accroupis, et sors en vitesse un petit carnet de mon sac, avec un stylo. Je note, rapidement, le lieu dont le jeune homme vient de me parler. En me relevant, toujours mon carnet fourre tout dans les mains, je lui souris, le dévisageant à demi ton.
Je ne suis pas réellement photographe, enfin je ne sais pas vraiment ce que je suis, Je suis nouvelle dans la région, et c'est une bonne façon de découvrir un endroit ; s'y perdre avec un appareil photo.
Je marmonne le milieu de ma phrase, me rendant compte un peu tard que je parle trop vite. Je rougis, légèrement, au niveau de mes pommettes légèrement recouverte de tâches de rousseur dues au soleil. Je baisse le regard, vers Epsilon, gênée.
Il m'agaçait celui là avec son regard. C'était dur de m'en détacher, et dur de la soutenir. Je ne comprenais pas ce qu'il voulait, puis ça me faisait rougir, et ça semblait l'encourager. J'eus un petit sourire en coin en relevant les yeux vers lui, quittant Epsilon du regard. Puis là, de façon honteusement évidente, à l'instant où ses lèvres prononcèrent le mot "glace", je pense très sincèrement que mon estomac répondit pour moi.
Ca m'a donc l'air assez évident que j'ai faim, et que je n'ai plus cette mauvaise excuse pour m'en sortir hein ?
Derechef, j'attrapais mon sac, vérifiais que ce dernier était bien fermé, puis le mit à mon épaule.
Bon, je vous suis grand inconnu. Mais je vous préviens, j'ai fait 3 ans de Krav Maga. Et j'ai toujours gagné mes batailles de guilis.
Peu sûre de moi, je débitais un nombre de bêtises assez conséquent, mais bon, je me faisais doucement rigoler. Alors peu importait. Puis pour avoir un chien aussi drôle, ce type avait forcément des bons côtés. Non ?
Je suivis le jeune homme, sur quelques mètres, en silence. Celui ci finit par me donner son prénom, idée plutôt intéressante à vrai dire, mais je me sentais à l'aise, jusqu'à oublier que je ne savais rien de lui.
Je m'appelle Keziah. Enchantée donc, Luka. Dommage, je trouvais que grand inconnu ça vous allait bien.
Je souris au jeune homme, levant mon visage pour pouvoir le regarder. Décidément, pour une fois je me sentais petite. Epsilon allait et venait, revenant à nous avant de repartir de plus belle, chassant le vent. Je regrettais que Boy ne soit pas là, le jeune berger allemand aurait adoré une balade sur la plage. Je me promis de l'y emmener bientôt.
Vous vivez ici depuis longtemps ? Je viens d'arriver, vous êtes la première personne à m'approcher, ça fait du bien je vous avoue..
Je ne sais pas pourquoi je le vouvoyais, mais après mes blagues stupides qui n'avait pas déclenché une franche réaction de sa part, j'étais partagée entre le bien être d'une balade au soleil et celle du malaise de la compagnie d'un inconnu.. Aussi mignon soit-il.
Petite photographe. Je souris en entendant Luka m'appeler ainsi. On risquait de bien s'entendre avec nos humours apparemment similaires.
Je continuais à marcher avec lui, regardant autour de moi, telle une véritable touriste. Le vent soulevait mes cheveux, balayant les mèches sur mon visage. J'essayais d'en coincer certaines derrière mon oreille, sans succès véritable.
Je regardais alors Luka, sentant son regard se poser sur moi. En effet, celui ci me fixait, avec un petit air interrogatif. J'eus confirmation quand il tenta de deviner d'où je venais. Je souris devant ses deux tentatives, ratées.
Je te laisse encore une chance pour deviner, si tu trouves c'est moi qui offre la glace, lui répondais-je, enjouée.
Je me sentais jeune adolescente à côté de lui. C'était étrange. J'avais le sentiment d'être en vacances, pas dans une énième vadrouille m'emmenant le plus loin possible de ce qui avait été mon foyer.. A cette pensée, mon visage se ferma un court instant.
Je tentais de reprendre vite mes esprits, me souvenant que Luka avait brièvement parler d'une visite des alentours.
L'idée faisait plus que m'intéresser, mais j'attendais un peu avant d'accepter. Je ne souhaitais pas que lui ou moi prenions un engagement que nous regretterions ; autant s'assurer que cette visite serait un bon moment avant de trop s'avancer.
La Suède ? J'avais entendu ça dans chaque ville que j'avais traversé. A croire qu'une grande blonde n'a pas le droit de venir d'ailleurs que du Nord. J'éclatais de rire, peu surprise par la réponse de Luka au fond.
Un instant, je me perdais dans mes souvenirs. Je réfléchissais d'où je venais. Je pensais à mes origines. Le paradis et l’enfer. Je viens du plus bel endroit que quiconque pourrais voir dans une vie. Je viens d’un endroit où les montages côtoient les plaines, où les ruisseaux formaient de superbes étendues d’eau. Je venais d’un endroit où les hommes criaient, travaillaient sous un soleil de plomb, essuyant la sueur qui perlait à leur front de leur poignet. Je venais d’un endroit où les sabots des chevaux soulevaient la poussière. Où un hennissement pouvait déchirer la nuit. Je venais d’un endroit où on se méfiait des lions des montagnes. D’un endroit où une femme n’avait pas sa place, et où j’avais fait la mienne..
Mon regard était perdu au loin, vers les vagues, et Epsilon qui cherchait à les attraper. C'est d'ailleurs le chien qui me fit sortir de mes pensées, avec un sourire.
Consciente de mon "absence", je tournais vivement la tête vers Luka.
Perdu, mon deuxième prénom n'est pas Maja, ou Ida, ou que sais je ! Je prendrais 2 boules framboise citron alors s'il te plaît !
Je lui fis un grand sourire, que mon père appelait mon sourire "s'il te plaîîîîît ". J'avais beau ne jamais avoir compris comme le faire, qu'est ce qu'il avait de différent des autres, il faisait toujours un effet particulier aux gens. Ca me faisait rire, d'être juste naturelle et de créer de drôles de réactions chez les autres.
De toute façon, je ne voulais pas y penser. Pas trop. La maison était loin désormais. De l'autre côté de cette étendue d'eau. Loin encore après le premier rivage. La maison n'en était plus vraiment une depuis des années. Pendant un instant, je me demandais comment les affaires allaient là bas. Si le ranch tenait debout. Si ma mère tenait debout.. Puis je revins à Luka, m'accrochant à son regard pour ne pas replonger dans mes pensées.
Comment tu peux te moquer de mon choix quand tu prends une glace mangue / smarties ? Je savais même pas que ça existait la glace aux smarties, tu rigoles ?
Je notais le ton taquin de Luka, et ne me gênait pas pour répondre dans le même état d'esprit. Je me saisis de ma glace, et gourmande que j'étais, je ne me fis pas prier pour la goûter alors que Luka payait. Je me sentis un peu coupable au final, de me faire inviter par un inconnu, et me tournait vers lui.
Dis, je rigolais pour la glace tu sais, je peux payer la mienne quand même..
Je lui fis un petit sourire, avec un soupçon de glace à la framboise qui colorait mes lèvres pulpeuses. Je jetais un coup d'oeil autour de nous, plusieurs petites tables en bois étaient vides, si nous souhaitions nous assoir pour savourer nos glaces, à moins que Luka ne souhaite continuer à se balader. Vu la façon dont Epsilon gigotait autour de nous, je ne doutais pas que celui ci serait ravi à l'idée de prolonger la marche. Je lui gratouillais la tête, derrière les oreilles, ayant vu Luka le faire plus tôt. Je me doutais que le chien devait apprécier ce genre de caresses.
Ce que j'étais..? Une fille pommée qui est sur la route depuis des années ? Une demi orpheline qui n'avait pas parlé à sa mère depuis son départ ? Une femme seule, sans aucun doute. Sans attache, sans refuge..
Je ne pouvais évidemment pas présenter une chose pareille à Luka. Je tâchais de me donner contenance, souriant légèrement, aussi sincèrement que possible. Cachée derrière mes lunettes de soleil, j'étais rassurée. Luka ne pourrait voir l'éclair de tristesse qui, je le savais, avait traversé mon regard.
Je viens d'être engagée en tant que débourreur. Aux écuries.. Cuadra del Eclipse. Je sais pas si ça te dit quelque chose.. Et toi ?
Je n'étais pas certaine d'avoir envie de parler boulot. Certes, c'était facile. Je pouvais parler chevaux pendant des jours et des nuits. Mais le pauvre, il serait vite fatiguée d'une telle passion, et ça me ramènerait évidemment à mes souvenirs, toujours douloureux.
Je relevais les yeux, et étudiais le visage de Luka. La joie de dévorer sa glace était frappante. J'adorais l'air enfantin qu'il avait, l'étincelle que je devinais dans son regard, lui aussi caché derrière des lunettes. Son sourire était doux, délicat. Il avait des traits agréables, je devais me l'avouer.
Oh, Luka aussi était un cavalier. Décidément, je devais avoir un aimant ou quelque chose dans ce genre là. Avais-je écrit en gros : PONEY sur mon front, au marqueur ? Je souris de ma blague stupide, toute seule.
Luka s'adressant à moi à propos d'un traumatisé, je relevais automatiquement la tête. Certains réflexes sont durs à perdre. Certaines phrases, certains mots, me parlaient plus que d'autres. Et j'aurais beau les fuir, je n'y changerais jamais rien..
Licol et brosse hein ? C'est un poulain ?
J'espérais pour Luka que c'était bel et bien un poulain, et non pas un cheval de taille adulte. Je désespérais lentement avec Kaspyan, le bai me donnant du fil à retordre plus que de raison. Il n'acceptait rien mais ne se défendait jamais. A n'y rien comprendre.
Quoi qu'il en soit.. Tout est une question d'espace. Tu as le tien, il a le sien. Entre vous deux, il y en a un 3ème. Le but, c'est de l'y inviter quand tu y rentres. Et de lui apprendre que tout ce qui se passe dans votre espace, tu le demandes et il l'autorises, le tolères. S'il ne le tolère pas, tu reprends à zéro. On peut pas demander à nos chevaux de nous faire confiance si on ne leur donne aucune raison de le faire..
Je devins songeuse, un court instant. Je pensais à cette histoire d'espaces que je venais de donner à Luka. Je me souvins de ces chevaux, marqués à vie, dont j'avais du m'occuper. Je me souvenais, en réalité, du moment où ils ont partagé ça avec moi, leur espace, leurs faits et gestes, leur confiance. Je souris tristement à la pensée de ces souvenirs.
Quoi qu'il en soit Luka, si tu as besoin d'un coup de main.. N'hésite pas. Tu en as parlé à l'autre débourreur des écuries ?
Je n'avais à la fois pas envie de parler de boulot, et en même temps, j'avais envie de lui filer un petit coup de main.. Paradoxe total.
Je laissais le doux frisson procuré par l'acidité et la fraicheur de la glace au citron m'envahir. Miam. Clairement, ce glacier me reverrait, je me régalais. Je dégustais ma glace tout en écoutant Luka me donner quelques précisions sur son traumatisé.
10 ans, à moitié aveugle et battu. Un cadeau en effet.
Je trouvais ça à la fois choquant et génial de confier de tels chevaux à des cavaliers de tous horizons. Whisper était par définition le genre de cheval qui pouvait vite s'avérer dangereux de ce que j'entendais. Entre de mauvaises mains, à vrai dire, n'importe quel cheval l'était. Mais Luka avait l'air assez intelligent pour demander s'il ne savait pas, et y aller pas à pas. Je ne me mêlais pas de ça outre mesure. Si besoin était, nous étions deux débourreurs aux écuries, il nous trouverait en cas de problème.
Des photos de ton deuxième cheval ? Oh oui, je dois pouvoir faire ça, répondais-je à la deuxième phrase de Luka, concernant un certain Swag. Je souriais, me remémorant mes centaines de balades, armée de mon appareil photo, capturant chaque instant possible de la vie des mustangs que je voyais passé, surtout l'hiver, derrière la maison. Prendre des photos de Swag ne serait donc pas un gros problème.
A la base, je ne fais pas du paysage, je voulais faire du photoreportage. La vie des gens, des histoires. Des vraies histoires tu vois ?
J'éclatais de rire devant l'expression d'Epsilon, qui s'exécutait de bonne grâce.. Mais pas sur le bon ordre !
Dis donc, tu as une autorité naturelle avec les animaux non ?
J'étais d'humeur espiègle, et taquiner Luka sur cette scène assez comique, tout en étant vraiment touchant, était bien trop tentant. Je venais, à mon grand dam, d'achever ma glace. La lumière commençait à changer, il était grand temps de rentrer. Kaspyan m'attendait, à l'instar de Boy, et qui sait, peut être ENFIN un cavalier aurait-il besoin d'un coup de main ? Malgré tout, je n'avais pas envie de m'en aller. Je me sentais enfin calme, détendue, laissant le soleil caresser mes épaules nues. Après tout, la vraie vie, ça avait un goût de vacances non ?
Je me penchais un peu, caressant Epsilon allongé près de nous. Ce chien était absolument génial. Je n'avais encore que peu de liens avec Boy, mais j'espérais qu'on s'amuserait autant lui et moi.
Me redressant, je notais que Luka me fixait. Un peu gênée, je sentis mes joues rougir instantanément. Foutue incapacité à contrôler mon propre visage.. Cependant, un petit sourire se dessinait sur mes lèvres pulpeuses.