Traversant les petites rues d'Arcachon en évitant les trous dans les pavés, je surveillais du coin de l’œil ma chienne, que j'avais laissée libre de ses mouvements. Bon, je dois bien vous avouer que je lui avais laissé cette liberté pour qu'elle évite de s'en prendre à mon pantalon, blanc et encore immaculé. Elle avait d'ordinaire le chic pour poser ses pattes boueuses sur mes vêtements propres, et clairs de préférence.
J'avançais jusqu'au Chipiron, où j'avais donné rendez-vous à ma chère Anaïg. Je m'en voulais encore énormément de ne pas avoir fait attention à ses messages et de l'avoir "ignorée" sans le vouloir. Mais avec 4 chevaux, un chien, mon boulot à la boutique et mon père qui me grattait parfois une heure par jour pour me parler j'étais... surbookée. Bien loin de ma petite vie de fille chérie de multimilliardaire... J'arrivais devant le restaurant de tapas qui me rappelait joyeusement l'Espagne, où ma nouvelle vie avait commencé. L'un des serveurs me reconnut alors que je m'attablais à une table, et il commença à me demander de mes nouvelles. Il faut bien dire que je mangeais ici au moins une fois par semaine depuis plusieurs mois...
A ma demande, il m'apporta une limonade et un grand bol d'eau pour Imagination, qui s'était vue attachée au pied de ma chaise. Le restaurant était encore sensiblement libre, vu l'heure, mais je savais que ça ne tarderait pas à se remplir. Pour ceux qui fréquentaient ce petit restaurant, ce n'était que le début de l'apéritif. Les tapas arriveraient ensuite, en guise de dîner, devant une carafe de sangria. Oui, c'était particulièrement cliché, mais c'était la vérité. Levant la tête vers les derniers rayons de soleil, je fermais les yeux pour ne pas les abîmer, profitant du soleil automnal qui offrait encore un peu de sa chaleur.