La Cuadra del Eclipse. Je laissai mon regard savourer ces mots que je n'avais pas vus depuis si longtemps. Il y avait ici quelque chose de particulier. Même s'ils avaient disparu, l'âme des Gomez demeurait présente. Tout nous rappelait ce qu'ils avaient accompli. Mais tout était si différent. Je laissai échapper un soupir puis tirai délicatement sur la longe. Sunny avait la tête haute et humai l'air bruyamment. Il ne ronflait pas des naseaux comme un étalon puisqu'il n'en avait plus les attributs, mais il semblait lui aussi savourer l'air écossais.
Je le guidai jusque dans la cour puis à travers l'écurie. Un box lui avait déjà été décerné, son nom ornant une plaque de bois. Je le fis entrer dans sa nouvelle maison et lui retirai le licol. Le box était généreusement paillé et je m'assurai que l'abreuvoir fonctionnait. Merveille ! Cela allait le changer du champ dans lequel j'avais été forcé de le laisser croupir ces derniers mois !
" Allez bonhomme, je te laisser visiter le temps que je ramène tes affaires. "
Je refermai la porte et posai le licol dessus. Aussitôt, Sunny vint passer sa tête par le col de cygne, henissant à la rechercher de ses camarades d'écurie. Les boxes étaient encore vides pour la plupart. Je lui caressai le chanfrein avant de m'éloigner vers le parking où j'avais laissé ses affaires. Je revins les bras chargés et déposai un seau rempli de matériel de pansage devant son box. Je rouvris la porte et attendis qu'il vienne vers moi. Le pur-sang s'approcha aussitôt, frottant sa lourde tête contre mon torse. Sa force me fit reculer.
" Trop délicat ! "
Je lui passai le licol et le sortis du box, l'attachant à un anneau. J'utilisai une petite étrille en caoutchouc pour lui retirer les poils en surplus tout en songeant que la tondeuse ne serait pas un luxe dans les prochains jours. Il avait quelques taches sur les membres que je frottai à l'aide d'un bouchon, avant de lui brosser tout le corps. Je finis par lui nettoyer la tête. Sunny ferma les yeux, la lèvre pendante, apaisé par le mouvement délicat de la brosse sur son chanfrein. Enfin, j'utilisai mon cure-pied pour lui faire les sabots. Remarquant que ses pieds n'étaient pas en très bon état, j'en profitai pour lui mettre un onguent que je dénichai dans l'écurie. Il faudrait que j'investisse rapidement...
Un rapide coup de brosse dans la queue et la crinière et le pur-sang gris avait retrouvé sa couleur initiale... ou presque ! De toute façon, pour ce premier jour, je ne comptais pas travailler le hongre. Je voulais d'abord lui faire découvrir le secteur, et j'allais commencer par l'emmener ... au manège. Je détachai la longe et l'invitai à me suivre à travers l'écurie encore paisible.