Cela fait bien une demi-heure que je me baladais dans la forêt. J’avais besoin de quitter ce monde auquel je n’avais pas l’impression d’appartenir, au moins pendant quelques heures. Besoin de laisser toute mes responsabilités au lit et de partir, sans me soucier de quoi que ce soit. Besoin d’un peu d’air frais. La forêt n’était sûrement pas le lieu le plus judicieux qui soit. La terre était boueuse, les feuilles au sol s’accrochaient à mes bottes. Mais ça avait au moins le mérite d’être paisible et silencieux.
Emmitouflée dans mon manteau, je regarde autour de moi. Un cri d’oiseau me parvient, s’approchant. Une corneille passe alors à seulement quelques mètres devant moi. Surprise, je m’arrête, et la regarde virevolter entre les branches, chantant sa joyeuse mélodie. Je reprends mon chemin, léger sourire aux lèvres. Le vent se lève, souffle de plus en plus fort. Je frisonne et change de direction, essayant comme je peux de protéger mon visage. Sans succès. Mes cheveux ne cessent de me boucher la vue, et j’ai beau les remettre derrière mon oreille, ils reviennent toujours, encore. D’une main, je les attrapes, comme pour me les attacher. Je les gardes dans ma paume et reprend ma route.
Je marche pendant plusieurs minutes, tranquilles, sans penser à rien. Soudain, je trébuche sur une branche, et alors qu’un léger cri m’échappe, je m’étale dans la boue.
Maxxe avait passée sa matinée à s'occupée de Color sur le cross, autant dire que ça avait été sportif, le changement de climat, de nouveaux paysages, des jolies juments à impressionner, ça avait mené à un cocktail explosif pour l'étalon. Mais elle n'était pas tombée, elle n'avait pas faillit frôler la mort ni rien d'autres pour une fois, par contre elle avait souvent dû dévié le mâle de sa trajectoire sinon c'était la chute assurée. Enfin, la jeune femme c'était bien occupée de son cheval le matin pour libérer son après-midi, elle avait décidée d'aller faire du shopping à San Sebastian, la dernière fois elle avait remarqué quelques trucs pas mal mais le temps l'avait pris de cours.
Maxxe c'était changée pour une séance de shopping, après s'être douchée, mais quand elle était arrivée dans le garage que l'écurie mettait à disposition, la moto qu'elle prenait habituellement n'était pas là. Et elle n'avait plus le permis de voiture. Bordel, pourquoi ça se passait jamais comme elle le voulait ? En grognant dans son coin la jeune femme sortit du garage et se dirigea sans réfléchir vers les chemins de balade. A peine quelques mètres plus loin, elle s'alluma une cigarette pour faire redescendre la colère qui grognait en elle. Son après-midi passait à la trappe, qu'est-ce qu'elle pouvait bien foutre ici ? A part des chevaux il n'y avait rien d'autres.
Maxxe marchait depuis quelques minutes dans la forêt. Le sol était recouvert de feuilles mortes et par endroit de boue à cause des pluies récentes. Heureusement elle n'y tenait pas beaucoup à ces talons, sinon elle aurait déjà fait demi-tour. Mais l'atmosphère ici était tellement calme, c'était presque irréelle, ça lui changeait du tout au tout de Central Park et les terres polluée de New York. Un cri, Maxxe s'immobilise un peu surprise. Il n'y avait rien d'autres à part un bruit étouffé par les feuilles. Elle remarque un peu plus loin une femme qui vient de tomber. Ah, alors le cri vient d'elle ? La brune affiche un peu rictus amusé mais continue quand même son chemin vers l'autre femme.
Sans se détacher de son sourire amusée, Emy s'arrête prêt de l'autre personne. Quelques secondes qui semblent durer des heures, et Maxxe tend sa main droite pour aider l'inconnue à se relevée. Aucun mot, aucune expression ni rien; C'était elle tout craché, celle qui se complaît dans le silence et la solitude.
J'avais réussie de justesse à ne pas m'allonger dans la boue : seul mes genoux et mes avants bras en était couvert. Me retenant de râler, je commence à me relever, quand j’aperçois une main tendus. Sans réfléchir, je l'attrape et me relève, avant de regarder mon jean.
- Y'as que moi pour être aussi ridicule ...
Je regarde ensuite la femme devant elle et lui souris.
- Merci.
Je remarque qu'elle souris elle aussi, mais je ne lui en veux pas. Je souris de plus belle même. Je suis la première à rire quand je vois quelqu'un tomber, alors pourquoi en voudrais-je aux autres ? Tant qu'elle ne se moque pas pour me rabaisser, ça devrait aller.
Bon, tant qu'on est là, l'une devant l'autre, seule, autant combler le silence environnant. Si elle ne veut pas parler, elle me le fera comprendre. Je veux juste éviter de partir alors qu'elle vient de m'aider.
- Je m'appelle Callie, je viens de Cuadra del Eclipse.
La maladroite avait saisit la main de Maxxe pour se relever avant de lâche une vague phrase sur le ridicule de la situation. Effectivement, même sur ces talons la brune n'avait pas risqué de glisser une seule fois. En même temps elle était pratiquement née sur des talons, alors maintenant elle y était autant à l'aise qu'en basket. Maxxe ne rendit même pas son sourire à l'autre femme, elle gardait le même depuis le début avant de se transformer en rictus monotone et blasé qui ne reflétait aucun sentiment ni émotion.
La cavalière recommence à tirer sur sa cigarette, la consumant lentement mais sûrement. Le silence devait être pesant pour n'importe qui, sauf pour Maxxe. C'est ainsi que l’autre femme repris rapidement la parole en se présentant sous le nom de Callie, cavalière également à la Cuadra del Eclipse. Elle ne l'avait pas croisé, sinon elle s'en serait souvenue, Maxxe avait une grande mémoire pour les visages mais aucunement pour les noms.
Maxxe
« Maxxe, je suis aussi cavalière à la Cuadra. »
A peine un petit sourire quand elle l'avait annoncé, les grand discours et débordements d'enthousiasme, très peu pour elle.
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