Let it go, let it go, I am one | Avril Tiletto & Matthew J. Fox
Le soir tombait et couvrait le ciel d'un manteau rose et rouge de toute beauté. Je me doutais que la mer proche y était pour quelque chose dans ce décor idyllique, et je me promis d'emmener Imagination la voir dès le lendemain. En attendant cet alléchant programme, le froid tombait également, et me força à me retrancher dans la sellerie. M'étant assurée qu'elle était vide, j'y fis entrer aussi ma chienne. Ainsi, elle ne risquait pas d'importuner qui que ce soit.
Parmi les nombreux cartons déposés par certains cavaliers de l'écurie, j'en trouvais plusieurs à mon nom. Avec un pincement au cœur, je sortis les affaires d'Ombre, d'Hillary, la mère de ma chère Giulietta... Tous morts dans l'incendie. Je commençais à tout déballer, à trier, et à ranger le nécessaire dans mon casier. J'en pris un au fond, mitoyen avec quelques porte-selles pour m'éviter de traverser toute la sellerie. Je laissais ma chienne jouer avec les moutons de poussière, alors que je rangeais mes affaires en trop dans des cartons pour l'occasion renommés "Occasion". Demain, demain. Demain, je découvrirais la boutique de l'écurie, dans laquelle j'allais, avec ma méconnaissance du domaine équin, pouvoir travailler. J'y ouvrirais un rayon "occasions", et j'y vendrais mes affaires en trop. Avec mon Virgule complètement traumatisé et ma Giulietta si peu taillée pour quelque compétition que ce soit, mon casier me parut bien vide.
Au fond du dernier carton, je retrouvais quelques vêtements. Un pantalon, une paire de vieilles baskets, un pull... J'enfilais ce dernier, une chose grise avec quelques morceaux de dentelle blanche pour lui donner un peu d'allure. Il était chaud et, bien que très peu seyant, il me servait bien. Je sortis mes cheveux du col et rabattis ma capuche pour protéger mes oreilles en un geste plus enfantin qu'autre chose. Le dos tourné à la porte, je sentis un courant d'air sur mes jambes, laissées libres par ma robe courte. Immédiatement après, j'entendis un petit aboiement, et rappelais ma chienne à l'ordre d'un simple sifflement. Je fis un demi-tour sur place, étonnée que quelqu'un soit encore là. Et que ce quelqu'un soit dans la sellerie, plutôt que... ailleurs. Moi qui avait toujours cru Cuadra petite, le nombre de gens que l'on pouvait croiser en une journée m'étonnait. - Bonsoir. Je jetais un œil sur l'inconnu, un grand blond, bien que toute grandeur soit relative pour ma petite taille. Un petit sourire timide accroché aux lèvres, je désignais Imagination du menton, toujours occupée avec ses moutons de poussière. - J'espère qu'elle ne te dérange pas. Sinon... je peux la faire sortir. J'avais pleinement conscience qu'elle pouvait être source de gêne, de par sa taille assez imposante, et sa fichue habitude de prendre toute la place disponible.
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