L'Ardèche était un endroit superbe. Depuis mon arrivée, je ne faisais que m'émerveiller devant les décors, la lumière, la douceur de l'endroit où nous avions été emmené. Depuis mon arrivée, en fait non, depuis que nous avions quitté CDE, je remerciais sans modération Avril, une cavalière de CDE, qui m'avait gentiment prêter un de ses chevaux, Kaspyant étant encore trop "vert" dans le travail pour une telle expédition.
Cette après midi là, j'avais délaissé mes compagnons pour partir à la recherche d'une cascade dont la propriétaire du gîte m'avait parlé le matin même, autour d'un bon café. Il n'y avait pas à dire, la France avait ses défauts. Mais eux, ils savaient faire du café.
J'avais enfilé un maillot de bain, sous une chemise et un short en jean, pris mon sac à dos, spécialement fait pour un appareil photo, et était partie en vadrouille. J'avais donc, en tout et pour tout, mon Canon, 3 objectif, un paquet de cigarette et un briquet, une bouteille d'eau, mon téléphone, mon Ipod et mes écouteurs. Ah, et une petite serviette, fine, prévue initialement pour le camping.
J'avais passé des heures merveilleuses, à photographier mon environnement. J'avais même eu la chance de croiser quelques animaux sauvages, de loin, et je me remerciais d'avoir eu la bonne idée de m'offrir un puissant zoom pour immortaliser ces instants de vie sauvage absolument superbes.
Au bout de quelques heures, je finis par trouver la fameuse cascade. Je devais l'avouer, je n'étais pas déçue du résultat. J'étais exténuée, la chaleur et la marche m'avaient achevée. Je m'assis donc, au bord de l'eau, pour profiter d'une cigarette méritée, et de quelques gorgées d'eau. Mais la chaleur était toujours aussi pesante, et la cascade tentante. Après tout, j'étais seule non ? Je jetais un coup d'oeil autour de moi, et ne voyant personne, je me ravis de l'idée d'avoir mis un maillot de bain. Je me déshabillais, rapidement, et plongeais, tête la première dans l'eau fraîche. Fraîche.. Ou glacée ! Je sortis la tête de l'eau, retenant un petit cri, qui se transforma en léger rire. Comparée à la chaleur ambiante, pesante, l'eau était plus que froide ! Mais après quelques instant d'acclimatation, je me sentais à l'aise.
Cette petite baignade me rappelait celles, d'une autre époque, d'une autre vie pensais-je parfois. Celles des balades, des randonnées de quelques jours pour inspecter toute la propriété, où nous profitions du moindre cours d'eau pour nous rafraîchir tant bien que mal.
Je fis la planche, fixant le ciel bleu à travers les feuillages, laissant mon esprit divaguer. Mes souvenirs me faisaient toujours le même effet, je me perdais instantanément dans mes pensées.
Je sursautais, entendant soudainement un bruit et une voix, non loin de moi. Mon visage s'immergea un instant sous l'eau, et je me ressaisis, me redressant dans l'eau, qui, peu profonde m'arrivait au niveau de la poitrine.
Je souris, instantanément en reconnaissant Luka. La présence du cavalier s'était avéré, jusque lors, être un véritable plaisir. Il était posé, doux. La confiance dont il avait fait preuve à mon égard m'avait profondément touchée, à l'instar de sa relation avec ses chevaux, Swag et Whisper. J'avais fini par me l'avouer, à moitié, je n'étais pas non plus parfaitement insensible à son doux sourire, à son regard. J'avais encore le souvenir, presque cuisant, de sa main qui caressait mon bras, alors que ses lèvres se posaient sur ma joue. Il fallait rappeler que je n'étais pas habituée au contact physique répété. Déjà, j'avais grandi dans un milieu masculin, viril. Les cowboys, ça ne fait pas de câlins. De plus, claquer la bise était une coutume européenne, un classique du vieux continent qui n'avait pas lieu chez moi. Ainsi, parfois, je me demandais si Luka me troublait parce qu'il était Luka, ou parce que je ne m'étais toujours pas faite à ces habitudes européennes. Parfois, souvent à vrai dire, j'essayais de me convaincre que ce n'était que la deuxième solution.
Envisager un jeu de séduction avec lui était tentant. Ne serait ce, au fond, que pour me prouver que je pouvais le faire, que j'étais désirable, que je pouvais donner envie à quelqu'un. Ce jeu là, avec Luka, n'aurait pas été des plus désagréables, avais-je alors pensé, sur le trajet jusqu'au gîte. Mais, isolée dans mon pick up, sur la route, j'avais songé à tout ces trajets, ces heures passées sur la route, seule, toujours seule, à voguer d'une ville à l'autre, sans aucune attache. M'en créer une ici, était-ce une bonne idée ? J'en doutais encore. Finalement, en me garant au gîte, je m'étais décidée à ne plus me laisser aller à ce genre de pensées, persuadée que je me faisais au final des films idiots d'adolescente.
Je fixais alors le jeune homme, toujours sourire aux lèvres.
Tu me suis maintenant ?, lui demandais-je en riant.
En réalité, j'étais bien consciente de la présence de Luka en Ardèche, vu que ça avait été un facteur à ma propre inscription. Mais ça, hors de question qu'il l'apprenne.
Alors que j'allais sortir, je le vis ôter sa chemise. Mince. Ca n'aidait pas à ne pas se faire des idées tout ça.
Je te préviens, elle est pas particulièrement chaude !
Je riais à nouveau, et nageais un peu vers le bord de la petite crique, me rapprochant de Luka.
Un instant, Luka disparut sous l'eau, juste après y être entré. Je le guettais, à travers l'eau claire, et le vis se glisser non loin de moi, avant de ressortir de l'eau. Ses cheveux étaient plats sur sa tête, m'arrachèrent un sourire. Moi même, je n'aurais pas pu me moquer, j'étais obligée de mettre mes cheveux en arrière, si je voulais voir quoi que ce soit ! Il s'ébouriffa la tignasse, relevant ainsi quelques mèches de cheveux, de part et d'autres de son crâne.
Il commença à faire la planche, et je pus à loisir le regarder, sans craindre de me faire surprendre. Je laissais mon regard le parcourir, vaguement, sans trop m'attarder sur un quelconque détail, si ce n'est, plus attentivement, les traits de son visage. Puis il se redressa rapidement, et je cessais mon examen, priant pour ne pas rougir comme une idiote.
Je n'ai pas eu le temps de lui répondre que, bien que la baignade fut agréable, je ne risquais pas de prolonger des heures, étant déjà prise d'une légère chair de poule, au niveau des bras notamment. Le jeune homme me saisit par la taille et me souleva. J'avais l'impression d'être un poids plume, ce n'était pas désagréable, c'est certain !
Et là, je ne retins pas un cri de surprise, sentant le contact de l'eau, vive, glacée, sur mon corps. Il m'avait collé sous la cascade, la saleté ! Oui, je retenais des insultes beaucoup moins politiquement correctes. Je commençais alors à me débattre, riant aux éclats.
Luka, s'il te plaît, arrête ça !
Je finis par réussir à me glisser hors de l'étreinte du jeune homme et plongeais dans l'eau, disparaissant sous la surface un court instant, pour revenir dans son dos. Je passais alors mes bras autour de lui, le poussant sous la cascade à son tour, puis m'écartais vivement. Pas envie d'y retourner, très peu pour moi !
Je m'éloignais alors, de quelques mètres à peine, et tirais la langue au jeune homme, moqueuse.
Je te laisse ta cascade, abominable personnage !
Je riais à nouveau, puis m'assis sur un petit rocher, à moitié dans l'eau, à moitié au soleil. Je fermais les yeux, laissant les rayons réchauffer ma peau. C'était surprenant, pensais-je. Surprenant comme je me sentais détendue en la présence du cavalier. Pourquoi déjà alors qu nous avions passé à peine quelques heures ensemble..?