Arrivés à la sortie de l'écurie, sur le chemin qui s'enfonçait dans la végétation, Andrea se sentit tiré en arrière. Il lui fallu quelques secondes pour comprendre que c'était Caesarivs qui voulait tester la solidité de la toile du jean. Le jeune homme bougea un peu brusquement ses jambes, mais ça ne sembla pas déstabiliser plus que ça le petit âne. La voix faussement grondante, il réprimanda le pie.
- Cae', si tu le déchires, je m'en fais un nouveau avec ta peau.
Puis, brusquement, Andrea se mit à courir pour lui échapper. Il savait que, même petit, l'âne le rattraperait vite, mais il aimait jouer avec son compagnon.
Malgré tes belles paroles ton âne continue de jouer avec ton jean. Quand tu commence à courir le petit entier galope derrière toi. Tête basse et ses grandes oreilles plaqués contre sa nuque essayant encore d'attraper ton jean.
Dans le style aucun effet, Andrea venait de franchir un bon pas. Mis à part s'épuiser et s'essouffler, son accélération n'avait pas servi à décourager Caesarivs. Pas plus que ses entraînantes paroles. Il avisa une espèce de prairie sur sa gauche, et bifurqua brusquement, puisant dans ses dernières forces pour aller s'allonger sur le dos dans l'herbe tendre.
- Tu pourrais quand même être vachement bon en vitesse, espèce de mariole...
Oui, c'était décidé, il entraînerait le bonhomme à la vitesse la prochaine fois. Peut-être qu'en concourant dans la catégorie poney, il avait ses chances...
Le petit âne fut déçu de ne pas pouvoir jouer plus longtemps avec le jeans qui venait d'être écrasé par le cavalier lorsque ce dernier s'était allongé. Alors il commença à manger l'herbe. La bouche coulante verte il regarda son cavalier avant de replonger dans la nourriture.
Andrea profita des rayons de soleil qui le réchauffaient un peu. Il n'y avait pas à dire, de l'Angleterre à la France à l'Espagne, le temps était radicalement différent. Jour après jour, mois après mois, il avait appris à ne presque plus regretter la pluie. Il se redressa pour se mettre assis, sortant une carotte de sa poche.
- Tiens bonhomme.
Il avait tout autant besoin de son âne que ce dernier avait besoin de lui.
D'un seul coup, l'âne mangea la carotte,content. Se désintéressant de l'herbe, il s'approcha de son cavalier et lui donna un coup de tête affectif. Même si il ne le voulait pas, le coup de tête partis un peu fort, ce n'était plus vraiment un calin.
Lorsque le coup partit, Andrea ne put retenir une exclamation, à la fois de stupeur et de douleur. C'était qu'il y en avait, des muscles, dans cette petite tête et cette petite encolure ! Se redressant d'un coup, il se tint le ventre un moment, le temps que les élancements s'estompent. Puis, adressant un sourire à Caesarivs, il lui caressa furtivement le toupet.
- Fais gaffe, Cae', je suis pas en sucre, mais quand même...
Lorsque l'humain se redressa rapidement le petit âne redressa la tête un peu impressionné et recula d'un pas mais finalement il chercha quelques carottes dans les poches de son maître, la peur vite oubliée.
Il aimait plus qu'il n'était possible de le dire son âne. Alors que ce dernier se rapprochait dangereusement de ses poches, Andrea en profita pour ébouriffer d'une geste plein d'affection le toupet du petit pie. Et puis, après tout, ce n'était qu'un âne, il n'était pas censé être toujours beau et tiré à quatre épingles comme tous ces chevaux que l'anglais côtoyait au quotidien. Tirant un morceau de carotte, il s'amusa à le balader au nez et à la barbe de l'âne. Il s'amusait à le voir suivre la friandise comme un fou, et il éclata d'un franc rire avant de la jeter un peu plus loin pour lui permettre de la croquer.
- Qu'est-ce que tu ferais sans carottes, je te le demande...