"Elle s'appellera Gina"
C'est la nuit du 3 avril 1990 que je fût mise au monde, déjà catégorisée comme une fille aisée. Durant mon enfance, je fut choyée par ses parents. Ils me donnèrent beaucoup d'amour mais également une éducation très stricte. Toute petite, j'eus droit à des profs particuliers m'apprenant les bases des langues étrangères, le piano et l'équitation, qui restait l'un des seuls cours où je m'amusais réellement. N'ayant pas beaucoup d'amis, je passais tout de même de très bonnes années auprès de mes parents et de mon grand frère, âgé de trois ans de plus que moi.

"On a plus rien..."
Ce jour là, mon père été rentré avec de grosses poches sous les yeux, je me souviens m'être demandé si il avait pleuré, et ma mère me demander de monter dans ma chambre après qu'il ai prononcé cette phrase, prêt à s'effondrer contre la porte d'entrée. A seulement 9 ans, je comprenais que la situation devait être grave, et montais les escaliers, m'arrêtant au final au milieu des marches pour écouter la conversation. A cet âge là, je n'ai pas tout comprit, mais je pouvais facilement me rendre compte que nous n'avions plus d'argent. Il avait en effet mit toutes nos économies dans une arnaque. Notre vie changea du tout au tout.  Nous avons dû quitter notre grande villa pour se retrouver dans un vieil appartement aux allures flippantes, l'électricité ne marchait que par intermittence, je suis devenue totalement insomniaque, effrayée par ma propre maison. Tout ça était la faute de mon père, cependant, je ne voyais pas les choses ainsi. Toujours collée à lui, je faisais tout pour lui remonter le moral, ne le quittant pas d'une semelle. Travaillant également d'arrache pied à mon entrée au collège, j'espérais le rendre au moins fier de moi, mais il n'en avait pas grand chose à faire.

"Mais qu'est ce que tu fais ?! Arrête toi !"
Je rentrais de l'école, et j'entendais ma mère crier, puis mon frère, âgé de trois ans de plus que moi. Courant jusqu'au salon, je vis mon père s'acharner sur elle à coup de poings, totalement ivre, mon frère essayait de s'imposer mais s'en prit une également. Ce fut le pire jour de ma vie, le début d'un cauchemars qui me sembla éternel. Celui qui était mon modèle, celui que j'appelais papa était devenu le pire de mes cauchemars, aussi insupportable qu'incontrôlable. Chaque jour lorsque je voyais cet homme, qui n'était pour moi plus mon père, passer la porte, de grandes cernes autour des yeux, titubant, je pleurais, emplie de peur et de dégoût. Peur de mon propre père. Il ne cessait de nous battre, chacun, même le chien que nous avions depuis prêt de 4 ans. Sa ceinture et ses cigarette étaient devenus mes pires hantises et mon corps était recouvert de bleus et de brûlures que je cachais soigneusement sous des tee-shirts trop grands.

"Il est parti..."
Je venais d'avoir treize ans lorsque ma mère m'annonça ça. Mon grand frère avait prit toutes ses affaires et s'était barré. Il avait fui la maison et nous avait abandonné, moi et ma mère. Elle était devenue une autre femme, ne sortait plus de la maison et était plus maigre qu'avant. La douleur pouvait se lire sur son visage à force de l'acharnement de mon père. Elle en mourut d'ailleurs, deux ans plus tard. Je me retrouvais seule avec mon père, dans ce vieil appartement. Je partis à mon tour, sans savoir où aller. Si seulement j'avais su où se trouve mon frère je l'aurais rejoint, mais il nous avait abandonné sans rien dire.

- Sèche tes larmes... C'est dangereux par ici...
Assise par terre dans une petite rue, une voix masculine m'était parvenue, et je levais la tête vers un beau garçon, me demandant ce qu'il me voulait. Il s'était accroupi auprès de moi, et avait passé sa main sur mes joues, m'essuyant mes larmes. Je ne le savais pas encore, mais ce garçon allait devenir un soleil dans ma triste vie. Plus bas que terre, je lui racontais ce qui m'était arriver, sans non plus m'attarder sur les détails. En parfait gentleman, il me remmena chez lui, dans un petit ranch reculé de Miami. J'avais 15 ans, lui 17. Je finis par habiter chez lui, en échange de service. Dès que j'avais fini les cours, j'aidais au ranch de sa famille et il m'apprenait ce qu'il me manquait de l'équitation. Entre lui et moi, c'était fusionnel... Je l'aimais, peut-être que lui aussi, mais je ne lui ai jamais rien avoué. Et il ne s'est pas passé grand chose, ou très peu de choses.. De toute façon, l'amour, ce n'est pas fait pour moi.

"Je t'en prie, reste..."
Dix... C'est le nombre d'année que j'ai passé dans ce ranch. C'est trop. Même si je les considérais tous comme ma nouvelle famille, j'avais l'impression d'être de trop par moment, je ne voulais pas les déranger. Ils m'avaient donné beaucoup, il était temps pour moi les laisser entre eux. Et même si lui me répétait le contraire, j'étais décidée, et bornée. La famille avait souvent parlé de cette écurie, Cuadra del Eclipse et j'avais appris qu'elle rouvrait. Là bas, je pourrais être bien.. Je voulais rester dans l'univers des chevaux, malgré que je venais de passer un diplôme d'éducateur canin, je ne pourrais me passer de ces grandes bêtes. Je veux aider les chevaux.