"Collectif". Il n'en faut pas plus que ce simple mot pour donner la chair de poule à Miranda. Ajoutez à ça "inconnus", et voilà qu'elle ne dormira plus pendant trois jours. Si son porte-monnaie le lui avait permit, Miranda aurait pris un cours particulier. Quoique. Se retrouver seule à seul avec le moniteur n'est pas vraiment mieux. Mais c'est déjà mieux qu'être en carrière avec d'autres élèves inconnus qui la jugeraient sûrement. Par tous les dieux, qu'avait-elle eu comme idée de s'inscrire à ce cours ?

Elle savait qu'elle avait besoin de prendre des cours. Qu'elle ne pourrait pas aller dans le bon sens avec Miss si elle ne montait pas un minimum encadrée. Alors pour leur bien, elle s'était jetée dans le bain, la peur au ventre et la porte-monnaie réticent. En plus de la pension de Miss, la jeune fille devait payer la demi-pension de Girl, et finalement, il ne lui restait plus grand-chose pour elle. Encore heureux, ce n'était pas une férue de shopping.

Ses jambes la soutenant à peine, Miranda avait préparé Miss comme à son habitude, et la petite jument avec ses manies adorables lui avait un peu redonné foi en son après-midi. Aux aguets, elle guettait du coin de l'oeil quelques éventuels camarades pour ce cours, pour voir à quelle genre d'ambiance s'attendre. Apparemment ils n'étaient pas trop nombreux. Et personne n'avait vraiment l'air de se connaître. Tant mieux.

Et maintenant elle se retrouvait devant la grande porte du manège, avec quelques autres cavaliers, sans oser la franchir. Elle y aperçut le moniteur, un certain Luka si ses souvenirs étaient bons, entrain de monter quelques obstacles. Les hauteurs restaient dans la normale, et le coup de saut de Girl ne lui ferait pas défaut. Celle-ci commença à trépigner sur place, impatiente d'entrer dans le manège. C'est alors que le moniteur les invita à rentrer. Il semblait plutôt sympathique au premier abord, c'était déjà ça.

Sous les ordres de Luka, Miranda se mit en selle et le temps de se caler dans la selle, Miss partait déjà au petit trot. Nerveusement, la cavalière la remit en place : il ne fallait surtout pas qu'on pense qu'elle ne savait pas contrôler sa propre jument ! Le moniteur donna les instructions quant à ce qui était attendu pour la détente, à savoir un cheval décontracté, le dos tendu et avec une bonne impulsion. Pour l'impulsion, Miss en avait à revendre, restait à bien travailler l'attitude. Miranda rappela brièvement son prénom au moniteur, d'une voix inaudible, si bien qu'elle dut répéter, pour son plus grand embarras. Et voilà, dès qu'il fallait communiquer avec des êtres humains...

Reprenant ses esprits, Miranda laissa sa jument venir s'appuyer sur le mors, ce que Miss, une as du dressage, ne se fit pas prier pour faire. Sans perdre plus de temps au pas, et connaissant le caractère explosif de sa monture, la jeune fille la mit au trot en piste intérieure, pour éviter les coins qui avaient la fâcheuse tendance de donner envie à la belle rouanne de partir en rodéo. Déjà même au trot, Miss chercha à partir plusieurs fois en freestyle, mais la ferme présence de sa cavalière l'en dissuada pour le moment. Miranda fit travailler Miss sur quelques allongements et rassemblements pour l'obliger à se concentrer sur l'allure, et s'appliquer. Petit à petit, le trot précipité et brouillon de la jument se fit plus rebondi et Miranda sentit qu'elle travaillait son dos. Après un exercice semblable à l'autre main sans encombres, la jeune fille nota que quelques cavaliers commençaient tranquillement à galoper. Aussi, elle attendit que la piste se libère pour faire de même, sachant pertinemment qu'elle avait à peu près 100% de chances de se faire embarquer lors du départ. Ce qui ne manqua pas d'arriver. A peine avait-elle positionné ses aides pour lancer sa jument, celle-ci fit un bond en avant suivi d'un bon coup de cul puis partit plein pot le nez en l'air et la queue en panache. Si Miranda n'avait pas été habituée à ce petit cinéma, elle n'aurait sûrement pas pu rester en selle. L'expérience payant, elle se redressa et joua des doigts, obligeant Miss à se tenir d'elle-même et adapter l'allure en conséquence. Du coin de l'oeil, la jeune fille vit quelques cavaliers la dévisager d'un air surpris ou désapprouvant. Ils devaient sans doute se demander quelle genre de cavalière elle était, en laissant sa jument partir ainsi. Miranda fit de son mieux pour rester concentrée et demanda une transition au pas, puis changea de main pour galoper à nouveau. 

Le même manège ou presque se déroula, puis enfin Miss se cadença comme souhaité, et Miranda décida de laisser là-dessus pour la détente. Miss semblait s'être mis dans une bonne attitude de travail et ne semblait pas d'humeur plus joueuse qu'habituellement. C'était tout bon, pour le moment.