- Volaré, viens ici de suite ! Blue-Ivy poussa un profond soupir en voyant une bombe noire surgir à travers la porte de la cuisine un coussin du canapé dans la gueule, et faire demi-tour aussi sec en la voyant. Pour une fois qu'elle avait essayé de faire sa maison un peu propre, ça commençait bien...
Non pas qu'elle n'ai pas l'habitude de vivre dans un environnement d'une propreté clinique, mais là, elle devait montrer une maison propre. Au moins un minimum, histoire que son futur colocataire ne prenne pas tout de suite ses jambes à son cou. Bon. Elle savait que c'était un homme, du coup elle se doutait qu'il ne serait -normalement- pas trop à cheval sur le ménage. Il avait intérêt, parce que si tout était souvent propre chez la jeune italienne, c'était rarement très très bien rangé. Notamment parce qu'elle avait un dressing bien rempli, et une cuisine pleine d'ustensiles tous plus ou moins utiles. Et, effectivement, quand on manque de place, ranger, c'est compliqué.
Une fois qu'elle eût fini de passer un coup d'éponge dans la cuisine, elle partit à la recherche de sa chienne voleuse de coussin. Cette dernière, avachie sur le canapé, entendit clairement sa maîtresse qui venait lui reprendre son jouet interdit. Elle se leva, et fila dehors par la porte entre-ouverte. Sauf que Blue-Ivy ne comptait pas s'en tenir là, et elle se mit à la poursuivre furieusement. Jusqu'à rentrer dans un inconnu juste sur son palier. Et, donc, à s'arrêter, parce qu'après avoir été doublé par un chien noir flanqué d'un coussin, perturbé par une jeune brunette pas beaucoup plus grande que le chien, il ne méritait pas d'être écrasé par ce petit pouce qu'elle était. - Oh, le mie scuse ! Oh, pardon, je suis désolée. Je poursuivais mon chien, elle a l'âme d'une cambrioleuse. Oh, mais vous devez être mon colocataire ! Je suis Blue-Ivy Dell'Espedito. Elle se redressa, épousseta sa jupe crème (qu'elle portait sur un collant, ne souhaitant pas non plus se tuer par ce froid de canard), et tendit une main devant elle. Autant être polie, comme sa mère le lui avait appris.
“ Habituellement, les gens ont tendance à dire que l’amitié garçon-fille est impossible, car souvent ambigüe. Pour moi, c’est l’amitié garçon-garçon qui m’a toujours paru délicate, beaucoup trop intéressée pour émettre des gestes désintéressés constituant, avec la confiance, une des bases de l’amitié. ”
Ted avait fait un saut au refuge avant d'arriver chez ses colocataires, dans la petite ville de Peterculter, maison numéro 14. Il avait acheté une jolie chienne de berger, Jolie. Sur-excitée, la jeune chienne trottinait, langue pendante, devant son maître, reniflant quasiment chaque odeur. Ce nouveau quartier semblait sympathique, avec un joli paysage naturel. Près de Cuadra, le moniteur pourrait ainsi arriver très vite à l'écurie, pour son plus grand bonheur.
Le brun attacha une laisse au collier de Jolie et s'arrêta sur le palier de la maison 14. Soudain, un chien noir surgit, il venait de l'intérieur de la maison. Peu après, la porte s'ouvrit et une petite brune sortit en trombes, bousculant Ted au passage. Ce dernier sourit après les excuses de la brune. Elle lui tendit sa main, alors il la serra, brièvement.
"Enchanté ! Je suis effectivement votre colocataire, Ted Langster ! Blue-Ivy Dell'Espedito... vous ne seriez pas à Cuadra del Eclipse ? J'y suis moniteur, alors ce serait une coïncidence que l'on se croise également là-bas ! Oh, j'ai amené ma chienne, Jolie. J'espère qu'elle ne gênera pas trop la votre, étant d'un tempérament joyeux... A vrai dire, je viens à peine de l'adopter !"
Il sourit, un peu gêné, passant une main dans ses cheveux. Sa chienne était tendue, tirant sur sa laisse.
Effectivement, elle avait un bol fou, de tomber justement sur son colocataire alors même qu'elle se comportait comme une vraie sauvage. A vrai dire, elle adorait jouer avec sa chienne, et cette dernière devait l'avoir bien compris, car quand ce n'était pas le coussin du canapé, elle trouvait bien autre chose à voler... La jeune brunette glissa un coup d’œil derrière son imposante colocataire -non pas qu'il soit gros, il était juste très grand et très musclé et devait faire à vue de nez le double de son poids donc oui, il était plutôt imposant- pour voir une chienne bicolore s'approcher joyeusement, c'était le cas de le dire, de Volaré. Qui, visiblement bien plus intéressée par cette nouvelle venue que par son cambriolage, en lâcha carrément le coussin. Victoire !
- Ecoutez, si elle me permet de récupérer mon coussin, moi, je ne dis pas non... Bougez pas, je reviens tout de suite. Enfin si, bougez, si vous voulez rentrer vous réchauffer. Blue-Ivy s'en alla récupérer son bien, et flatta la chienne qui, décidément, portait bien son nom. Un peu plus grande que Volaré, elle avait un poil lisse et soyeux, et ne semblait pas méchante pour deux sous. Très bien, un peu de compagnie n'a jamais fait de mal à quiconque.
La brunette rentra dans la maison, laissa la porte entre-ouverte au cas où les chiennes voudraient rentrer se réchauffer elles aussi, et lança le coussin sur le canapé. Puis, elle retrouva ses bonnes manières, et continua sa conversation comme si de rien n'était. - Volaré aussi est un femelle, je suis certaine qu'elle sera ravie d'avoir une amie. Et, tiens donc, je suis moi aussi monitrice à la Cuadra ! Vous me direz, dans ce petit coin perdu, je me demande bien qui n'est pas à l'écurie... Et vous enseignez quoi ? Elle s'était plutôt bien débrouillée, alors. Avec un autre moniteur, au moins, elle ne s'ennuierait plus, dans sa petite maison. Et elle passerait peut-être davantage de temps à papoter qu'à faire du shopping ce qui, avouons-le, ne serait pas si mal...
“ Habituellement, les gens ont tendance à dire que l’amitié garçon-fille est impossible, car souvent ambigüe. Pour moi, c’est l’amitié garçon-garçon qui m’a toujours paru délicate, beaucoup trop intéressée pour émettre des gestes désintéressés constituant, avec la confiance, une des bases de l’amitié. ”
Cette fameuse Blue-Ivy semblait très nerveuse. Ou timide. Mais en tous cas, elle ne semblait pas très à l'aise. Ted sourit en voyant les deux chiennes faire connaissance. cette fameuse Volaré semblait donner du fil à retorde à sa maîtresse. Peut-être qu'elle se calmerait au contact de Jolie ? Ou peut-être pas.
"Pas de problème alors !"
Le brun eut un petit rire. Il suivit ensuite la jeune femme dans la maison. Une grande maison, assez bien décorée, qu'on pouvait traiter de maison "coquette". Le regard du moniteur se baladait un peu partout dans la maison, observant attentivement chaque détail qui pouvait lui apparaître. Tout était plutôt bien rangé, et il était certain qu'il aurait largement de quoi vivre avec tous les ustensiles à sa disposition. Le jeune homme s'assit sur le canapé, époussetant son jean un peu déchiré (c'était un objet indispensable pour lui, le jean déchiré : chic et pas trop vulgaire).
"Eh bien ! J'enseigne le saut d'obstacle et le pony-games. Et vous ? Enfin, je pense que nous pouvons nous tutoyer !"
Ted sourit, passant une main dans ses cheveux pour se donner un air innocent. Après tout, ils pouvaient se tutoyer directement, étant des colocataires... Il s'adossa bien au canapé. Un joli petit canapé, moelleux, parfait pour de longues siestes. Car oui, le brun adorait faire la sieste sur un canapé. Pour lui, c'était agréable. Après tout, se retrancher dans sa chambre pour quelques minutes - ou quelques heures - de sommeil, ça ne servait pas à grand chose pour lui.
"Je ne pense pas m'ennuyer ici ! La maison m'a l'air bien grande ! Il y a combien de chambres ?"
Oui, en soit, il avait raison, ce nouveau colocataire... Le tutoiement serait plus facile, en sachant qu'ils allait littéralement vivre ensemble. Cela n'effrayait pas la jeune femme. Elle tenait à son petit ordre et sa petite propreté, et si ce très cher Ted ne se pliait pas à la politique de la maison, elle savait exactement comment le faire rentrer dans le rang. Après tout, n'est pas femme italienne qui veut.
Elle se rapprocha du canapé alors que les deux chiennes rentraient tout juste. Ah, quand même. Même avec leurs gros poils, elles avaient froid, dans ce pays des plus nordiques pour la brunette. Elle en profita donc pour repartir fermer la porte, ayant horreur des courants d'air. - Moi, c'est plus le dressage, et j'enseigne aussi la monte en amazone. Je n'ai jamais eu le type de chevaux faits pour le saut... Elle lui fit un grand sourire, un brin amusé. S'il savait... Les clydesdales qu'elle affectionnait tout particulièrement n'étaient effectivement pas fait pour jouer aux oiseaux. Au risque de faire des blessés dans leur lourde chute.
Lorsqu'il lui demanda la configuration de la maison, elle désigna les escaliers du doigt. - Il y a trois chambres, mais je tanne toujours mon frère pour qu'il vienne me rejoindre, du coup j'attend un peu avant de mettre la dernière en location comme la tienne. Elle se déplaça, et alla jusqu'aux escaliers, où elle tourna à gauche pour ouvrir une porte. - Il y en a une ici, et la deuxième de libre est à l'étage, avec la mienne et la salle de bains. Comme tu es le premier arrivé, je te laisse choisir celle que tu prends... Tu veux peut-être voir l'autre pour faire ton choix, non ? Certes, celle à l'étage était contiguë à la salle de bains, mais elle était nettement plus lumineuse que celle du rez-de-chaussée. Ce qui, dans ce pays rarement ensoleillé, n'était pas une chose négligeable...
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