Comme à son habitude, l'appartement d'Andrea était nickel. Propre, rangé, le genre de pièce prise en photo dans les magazines. Il s'encombrait toujours du strict minimum, aussi peu de choses s'entassaient-elles. Et puis, il avait tellement pris l'habitude de déménager au moindre coup de vent qu'il avait appris à ne s'encombrer de rien. Bravant sa solitude, il avait décidé quelques jours plus tôt de chercher un ou une colocataire. L'appartement comprenait deux chambres, pas particulièrement grandes, mais un grand salon. Et, mine de rien, il était rarement à l'intérieur la journée, passant le plus clair de son temps avec ses ânes et son poney.
Il était en train de cuisiner une tarte quand la sonnette vint troubler son doux silence. Avec un soupir, il se dit qu'il ne risquait plus de l'entendre souvent, ce silence réparateur. Laissant tout en plan sur la table de la cuisine, il se dirigea d'un bon pas vers la porte, ne pouvant s'empêcher au passage de remettre le coussin du fauteuil droit. Maniaque, à ses heures perdues. Essayant d'arborer un grand sourire, il ouvrit la porte à la volée. Un grand sourire qui se transforma en une grimace étonnée, puis un visage rapidement dur. Une mauvaise blague ? Ou simplement la personnalité toujours aussi "rentre-dedans" de sa sœur ? Toujours est-il que, à des milliers de kilomètres de son chez-lui, dans un pays étranger, elle était venue; un coup d’œil aux sacs et aux valises qui encombraient l'entrée achevèrent de le convaincre qu'elle n'était pas ici pour une petite visite. Sa colocataire, c'était elle. Le visage toujours fermé, il se pencha pour attraper la poignée de la valise, de son bras encore utile.
- Bonjour, petite sœur. Et welcome.
Pour un peu, il aurait presque rit de la situation. Elle avait toujours eu ce chic pour faire des entrées remarquées...
Alors, je ne connais pas encore de code tu ne m'en voudra pas pour l'instant je fais simplement
Alexis avait fait aujourd'hui, un long voyage pour arriver en Espagne mais elle avait eu le temps de se reposer dans l'avion. La jeune fille était désormais devant l'appartement de son frère. Lui qui cherchait un ou une colocataire, il allait être servit ! Elle inspira un grand coup avant de sonner. Pas qu'elle regrettait, au contraire. Elle se demandait simplement qu'elle serait la réaction de son cher frère. La réponse vînt rapidement. Il ouvrit la porte et une grimace apparut sur son visage mais il attrapa tout de même sa valise ce qui fit sourire Alexis. Il n'avait pas perdu ses attitudes de gentleman tout de même.
- Bonjour, petite sœur. Et welcome.
Quelle voie chaleureuse... Toujours est-il que la jeune fille lui adressa un grand et sincère sourire en entrant dans l'appartement.
- Bonjour ! A ce que je vois, tu es heureux de me revoir...
[Pas du soucis, si jamais tu en veux une, n'hésites pas à me demander, ça c'est dans mes cordes ^^]
Tell me
have a conversation
Il s'écarta et la laissa rentrer dans l'appartement. Finissant de rentrer valises et sacs à l'intérieur, il referma la porte derrière lui. Le bruit du loquet qui s'enclenche sonna comme le glas d'un changement de vie. L'avait-elle donc fait exprès ? Certainement, elle n'avait jamais rien eu à voir avec les chevaux, du moins avant l'attentat. Après, il s'était bien éloigné d'elle, réussissant plus ou moins bien, jusqu'à aujourd'hui.
Sa remarque piquante ne lui fit ni chaud ni froid. Après tout, elle savait pourquoi il la fuyait, et quelles étaient ses raisons de l'éviter sans cesse. Et c'était sa faute. Sans un mot, il s'approcha d'elle, et tira sur son manteau, pour aller l'accrocher derrière la porte. Elle restait sa petite sœur, tout de même, et pas une vulgaire inconnue. Retrouvant un sourire un peu forcé, il l'invita à s'asseoir d'un geste désignant le canapé.
- Tu veux boire quelque chose, peut-être ?
Il avait retrouvé naturellement la langue anglaise pour s'adresser à elle, lui laissant le loisir d'apprécier son effort. Après tout, il maîtrisait aussi bien le français que l'espagnol, mais n'était pas certain de la même chose chez Alexis. Quoique, les études de journalisme ne devaient pas laisser de côté les langues étrangères, pensa-t-il.
Alexis avança un peu plus dans l'appartement tandis que son frère fermait la porte. Elle avait hâte de savoir comment cela se terminerait mais il fallait déjà se contenter du moment présent. Quand il s'approcha d'elle pour lui retirer son manteau, elle le regarda faire se disant que, au fond, il était resté le même et ne lui en voulait pas tant que ça. La jeune fille savait très bien que c'était de sa faute mais elle n'avait pas vraiment eu le choix avec ses études de journalisme. La jeune femme sortit enfin de ses pensées quand Andrea s'adressa a elle dans sa langue maternelle. Alexis qui avait dû apprendre les langues connaissait bien l'espagnol mais appréciait qu'on lui parle en Anglais. Elle n'en entendrait désormais plus beaucoup alors, elle répondit dans la même langue.
- Ah, oui je veux bien s'il te plaît.
La jeune fille observa autour d'elle. Elle regardait chaque détail, après tout, cet appartement serait aussi le sien a présent même si cela n'était pas vraiment la raison. Peut-être une façon de réfléchir. Elle ne savait vraiment pas comment aborder son frère. Alexis ne s'était pas attendue a une réaction comme celle là. Autant elle aurait comprit qu'il s'énerve contre elle, qu'il lui en veuille ou même qu'il réagisse de façon opposée en étant heureux de la revoir. Mais là, il était entre les deux et Alexis ne savait pas trop quoi dire pour qu'il la pardonne.
En attendant sa réponse, Andrea regarda la jeune fille. Il ne parvenait même plus à se souvenir de la dernière fois qu'il l'avait vue, ni même à quand remontait leur dernière conversation téléphonique. Certainement à longtemps, il avait bonne mémoire d'habitude. Elle n'avait pas particulièrement changé, toujours cet air un peu coquin, ce grand sourire, et ces longs cheveux bruns. Malgré lui, il était bien content qu'elle ne les ai pas coupés. Elle ressemblait à leur mère, comme ça.
Se dirigeant vers la cuisine, il ouvrit le frigo, et commença à énumérer les boissons.
- Jus de fruits, Coca, eau pétillante, limonade, bière...
Puis, passant la tête derrière la porte, il regarda sa sœur avec un petit sourire, avant de lui citer la dernière possibilité.
- Peut-être un lait menthe ?
Malgré lui, il l'avait bien dit. Le lait menthe, c'était le péché mignon de leur enfance, du moins se rappelait-il encore de ça. Lui proposer raviva des souvenirs heureux, remplis de pluie et de boue pendant leurs vacances en Angleterre. C'est fou ce que le passé peut vite resurgir...
Alexis resta longuement a réfléchir tout en observant l'appartement puis elle se tourna vers Andrea s'apprêtant a lui répondre qu'un verre d'eau lui suffirait largement. Seulement, il enchaîna sur une dernière possibilité qui rendit a Alexis un très large sourire. Alors, il n'avait pas oublier... Le lait a la menthe restait encré dans ses meilleurs souvenirs. Elle se voyait encore assise en face de lui avec son verre a la main, un cookies devant elle en train de rire que son frère avait du lait au dessus de la lèvre. Le temps passe mais les souvenirs restent comme on dit.
Alexis se réveilla un peu de ses souvenirs et après un léger moment sans réponse, elle se plaça non loin de lui, son habituel sourire scotché sur les lèvre pour lui répondre.
- Un lait menthe, oui ça serait super !
La jeune fille commençait déjà a reprendre son caractère habituel ne réfléchissant plus a quoi dire a son frère. Cela viendrait naturellement. Elle s'installa sur une chaise tout en le regardant et repris.
Bon, au moins avait-il eu raison. Le lait menthe avait un pouvoir, aussi bien sur lui que sur sa sœur niveau humeur. Même avec beaucoup de rancœur, les souvenirs heureux étaient plus forts. Tandis qu'il préparait les deux verres, il la regarda s'asseoir, et l'écouta lui poser des questions. Oui, depuis le temps, il avait appris à s'habituer à chaque endroit sans vraiment s'attacher. Mais il devait bien avouer que Cuadra lui plaisait particulièrement. Lui offrant un des deux verres, celui avec la paille rose, il répondit à sa question avec un petit sourire presque triste.
- Oui, tout se passe bien. J'ai un boulot et Cae' avec moi, donc ça va...
Pas beaucoup de compagnie, mais on ne pouvait tout avoir. Et puis, s'il arrivait à dépasser le passé qui l'unissait aux souvenirs sombres, il finirait par au moins regagner sa sœur. C'était toujours ça. Et puis, mine de rien, leur complicité lui manquait. Dédaignant la paille pour boire au verre et finir avec une moustache verdâtre, il la lécha précautionneusement avant de question à son tour sa sœur.
- Et toi, tu es venue pour quelle raison ici ? Je ne te savais pas forcément proche des chevaux... Mais j'ai certes peu d'idées de ce que tu fais de ta vie depuis le temps.
Voire aucune, d'idée. Avait-elle eu son diplôme ? Avait-elle un travail, des économies sur lesquelles vivre en Espagne ? Était-elle en couple, fiancée peut-être ? Elle aurait pu être une meurtrière en série qu'il n'en aurait rien su, tellement il l'évitait depuis 7 ans...
La jeune femme le regardait préparer les deux lait a la menthe tout en l'écoutant répondre a sa question. Elle sourit de nouveau, heureuse que tout se passe bien pour lui a Cuadra del Eclipse. Il disait avoir trouver un boulot et avoir son âne. Cela ne l'étonnait pas du tout. Son frère avait toujours été doué et jamais il ne serait partit sans Caesarius. Quand il lui tendit son verre, elle le remercia et but une gorgée. Elle continuait a regarder Andrea et ne put s'empêcher de rire doucement quand il lécha la moustache verte qu'il avait au dessus des lèvres. Décidément, il était exactement le même que dans le passé.
Alexis sirotait toujours son lait grâce a la petite paille rose qu'Andrea avait prit le soin de lui donner quand ce fut au tour de son frère de poser des questions. Il est vrai que après autant de temps qu'ils avaient passés éloignés, tout le temps où il l'avait ignoré, il ne pouvait pas savoir grand chose. En même temps, elle ne lui en voulait pas. Elle n'y était pas non plus pour rien mais il aurait dû comprendre qu'elle n'avait pas le choix.
- Je suis venue pour te retrouver. Par ce que, rester aussi éloignée de toi, ne pas avoir de nouvelle, ne pas pouvoir te reparler, ce n'est pas facile. Je n'ai effectivement rien a voir avec les chevaux je n'y connais rien mais venir ici était le seul moyen de pouvoir te revoir et faire en sorte que tu me pardonne. Je suis tellement désolée de ne pas avoir pu faire ça plus tôt. J'aurais tellement aimer mais ce n'était pas possible...
Elle soupira légèrement. Elle lui avait enfin dit la vraie raison de sa présence. Elle espérait qu'il réagirait bien. Bien sur, elle n'avait pas encore parler de Hope mais ce n'était pas le moment. Chaque chose en son temps...
Andrea écouta longuement sa sœur, ayant soudainement l'impression d'avoir déjà vécu cette scène. Oui, ses études l'avaient toujours beaucoup occupée. Elle les avait toujours faites passer avant tout : les amis , la famille , la mort même. Il ne connaissait pas ce modèle , ne comprenait pas ce choix , lui qui avait toujours plus ou moins "travaillé" avec les chevaux. Et, même en faisant un effort, il ne pouvait pas comprendre. Gardant le silence un moment, il faisait tourner le lait dans son verre, observant d'un œil distrait les volutes vertes que formait le sirop de menthe.
- Je ne pensais pas que tu viendrais me chercher jusqu'en Espagne...
Il n'avait pas forcément voulu dire ça. Normalement , il devrait lui en vouloir encore, on n'oubliait pas ce genre d'expérience. Mais il regarda la tête brune de sa petite sœur, et se mît à penser qu'elle était finalement sa sœur, quelqu'un qui avait grandi avec lui , certainement celle qui le connaissait le mieux. Avec son éternel petit sourire, il continua sa pensée.
- Mais je suis quand même content de te voir ici. Même si j'ai du mal à croire que ce n'est pas une mauvaise blague ...
Il avait déjà fait un pas, un effort pour se rapprocher à nouveau de sa sœur. Il le sentait , lui si peu démonstratif. Bien sûr, jamais il ne pourrait faire comme si rien ne s'était passé. Mais il pouvait au moins essayer ...
Alexis le regarda. Il ne répondait pas de suite. Il fixait son verre. La jeune fille baissa la tête, attendant sa réponse. C'est à qu'elle entendit le son de sa voix. Elle résonnait en continu dans sa tête. Que voulait dire cette phrase ? Était-il content de la voir ? Voudrait-il au contraire ne jamais la revoir ? Elle réfléchit longuement, ne sachant plus comment répondre, relancer la discussion, comment lui prouver qu'elle tenait a lui. Les phrases tournaient simplement dans sa tête : " Je serais venue même au Maroc ou dans n'importe quel autre pays... ", " Je ne pouvais pas rester ainsi, sans te parler. " et toute autres phrases. Enfin, Andrea se remit a parler. Alexia ne put s'empêcher d'afficher un grand sourire qu'elle avait perdu durant sa réflexion. Relevant la tête, la jeune Anglaise répondit a son grand frère.
- Comment voudrais-tu que je te fasses une blague ? Je ne serais pas venue en Espagne pour rien. Je veux réellement renouer les liens qu'on avait ensemble. Retrouver ce grand frère que j'ai toujours aimer.
Alexia continuait a sourire. Elle était tellement heureuse qu'Andrea fasse un aussi grand effort, qu'il la comprenne tout de même, qu'il ne la renvoi pas de chez lui. Elle avait tellement rêvé de ce moment, s'imaginant toutes les rencontres possibles et inimaginables. Bien sur, elle n'avait pas penser que cela se passerait ainsi, et ce n'était pas plus mal. Le stress commençait a redescendre quand elle reprit a l'intention d'Andrea.
- Tu sais, malgré ce que tu as pu croire durant ces longues années, je pensais beaucoup a toi. Tu me manquais réellement Andrea.
Après qu'il ait fait un grand pas, c'était a elle de lui avouer tout ce qu'elle avait ressentit durant ces 7 ans sans lui.
L'anglais n'avait jamais été particulièrement doué pour ce genre de situations. Le type de cas où les sentiments prenaient la plus grande part de la conversation. Où il ne savait pas vraiment quoi dire, n'ayant jamais été particulièrement sensible. Pour sa compagne et son fils, il avait fait un effort, bravé ce côté ours qui le caractérisait. Mais maintenant, à sa grande tristesse, il n'avait plus personne pour le forcer à faire cet effort.
- Même si je ne l'ai pas beaucoup montré, c'était pareil pour moi.
Voilà, il l'avait dit. Oui, seul, rien n'avait été facile, ces 7 longues années. Il avait souvent failli lâcher, et ce malgré la présence toujours égale de Caesarivs. Car, oui, même s'il était intelligent, la boule de poils ne parlait pas encore. Finissant d'un trait son verre et léchant à nouveau la moustache de lait, il se leva, en apparence pour ranger le verre. Il s'approcha d'elle, se pencha à sa hauteur, et l'entoura de ses bras. Avant, ils n'avaient pas de secrets l'un pour l'autre, ils avaient toujours été unis à jamais. C'était tout de même triste que des morts aient pu créer autant de distance entre eux.
- Et tu sais quoi ? Tu as bien fait de me forcer un peu la main !
Un quart d'heure plus tôt, il souhaitait à tout prix se débarrasser de son encombrante sœur. Maintenant, un grand sourire aux lèvres, il était impatient de pouvoir à nouveau être avec elle. La rancune était bien faible face aux liens du sang, si distendus soient-ils par les épreuves.
Alexis le regarda un long moment. Elle savait que son frère n'avait jamais adoré les conversations où il devait faire part de ses sentiments. Elle finit par baisser la tête tout en écoutant celui-ci lui répondre. Il avait surement beaucoup dû prendre sur lui même pour sortir cette simple phrase et cela ne fit qu'amplifier le sourire de la jeune fille qui n'avait qu'une seule envie : Reprendre son grand frère dans ses bras. Elle y songea longuement quand elle sentit deux bras l'entourer. Elle ne s'y attendait pas car elle avait entendu qu'il s'était levé mais elle pensais qu'il irait poser son verre. La jeune fille se leva et se serra contre Andréa qui lui avait tant manqué durant ces longues années.
- Je ne savais pas si tu arriverais a me pardonner mais je suis très heureuse d'être venue jusqu'ici.
La jeune fille qui avait poser sa tête contre l'épaule de son grand frère, la releva pour le regarder. Elle n'avait cessée de penser a ce visage qu'elle avait tant voulu retrouver. Tout en souriant a Andrea, elle se dit qu'elle ne lui avait pas encore parler de la jument de son ex-femme. Tout en espérant qu'il ne se vexe pas et qu'il soit heureux d'apprendre qu'elle soit a CDE, elle lui annoça :
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