Keziah avait accepté que je lui dévoile les lieux de mon enfance en échange de quelques clichés. Seul bémol : il fallait déjà que je retourne seul là-bas. Ce serait pour plus tard. J'avais encore besoin de temps avant de pouvoir à nouveau soutenir le regard probablement accusateur de mes parents. Je les avais abandonnés alors qu'ils géraient une écurie. C'était moi qui hériterai de l'affaire familiale à leur mort. Il faudrait bien que je retourne les voir. Je regardai dans la direction des prés. Des chevaux broutaient tranquillement. Rien ne pouvait perturber leur calme. Cette paix qui provenait d'eux, de ce milieu, c'était cela qui m'appaisait. Je tournai de nouveau mon regard vers Keziah, rencontrant le sien qui me dévisageait. Un sourire s'était placé sur ses lèvres. Intrigué, je laissai un sourire amusé se dessiner sur mon visage. Pourquoi me fixait-elle ? Je préférai ne pas y penser, et je reportai mon attention sur autre chose, me dégageant de la barrière sur laquelle je m'étais accoudé. Je portai un regard à ma montre. La matinée avançait malgré nous et il fallait que je retourne chercher mon chien. Passant une main dans mes cheveux, je regardai Keziah.

" Bon. Je vais devoir y aller. Epsilon va m'en vouloir si je l'abandonne trop longtemps à l'appart'. Il va être intenable ! "

Faisant face à la jeune femme, mes doigts remontèrent le long de son bras, frôlant sa peau. Puis j'avançai mon visage vers le sien et déposai un baiser sur sa joue encore imprégnée de l'odeur de la cigarette.

" J'irai voir la directrice et quand j'aurai son autorisation, on ira mettre Whisper dehors. Merci encore, Keziah. "

Je m'éloignai, souriant, en lui lançant un " A plus ! " accompagné d'un geste de la main. Bon, bon. La journée commençait si bien. Je me sentais léger.