- Capu, arrête de faire l'idiote ! Peine perdue, la grande jument semblait avoir décidé d'embêter son monde. Elle avait la bougeotte depuis ce matin, et malgré ses trois heures de paddock toute seule, elle ne s'était pas encore assez dégourdi les jambes. Sauf qu'aujourd'hui, Blue-Ivy s'était mise en tête de lui tresser la crinière et, juchée sur sa mallette de pansage en guise de tabouret, elle n'arrêtait pas d'en être éjectée par les francs coups de chanfrein de la jument pie.
Décidément, cette jument était une erreur de la nature. Même Volaré, sa chienne, d'habitude véritable pile électrique, était fatiguée en cette fin de journée. Elle était allongée de tout son long dans une flaque de soleil, non loin de là. Pour un peu, la brunette pouvait l'entendre ronfler. Si les chiens ronflaient, ce dont elle n'était guère sûre... Après le 250ème coup de chanfrein, Blue-Ivy en eut assez. Elle descendit de son tabouret - un peu forcée, certes - et essaye d'engueuler sa jument. - C'est pas parce que tu sais que je ne t'attaches pas que tu peux tout te permettre, mademoiselle Precioza ! Aucun effet. La jument, sachant bien que sa propriétaire ne jurait que par elle, vint blottir sa tête tout contre le torse de l'italienne. Qui, bien évidemment, n'en voulut pas davantage, et se résigna à trouver une autre solution.
C'est alors qu'elle aperçu, dans la cour, une jeune fille. Ne s'étonnant guère de la présence d'une enfant ici - après tout, ce n'était que le choix de sa mère si elle n'avait pas grandi ici, par une interdiction quelconque de la part de la direction de l'écurie - elle lui fit un signe de la main. - Tu veux venir ? J'aurais besoin d'elle pour la tenir tranquille, j'ai bientôt fini, mais visiblement elle a besoin de compagnie...